Auteur : Martine Delvaux
Titre : Rose Amer
Éditeur : Héliotrope
Parution : 2009
Format : 144 pages
♥
Résumé :
Rose Amer raconte l'histoire d'une petite fille qui grandit dans un village sans arbres, un tantinet kitsch, avec son camping local et sa pataterie Chez Bouboule. Son père est disparu avant sa naissance, mais elle est entourée de ses amies Manon-juste-Manon, la bouclée et boulotte BB, ainsi que Valence Berri, une beauté venue de la grande ville.
La vie suit son cours, picotée par les visites chez les voisines, entre les sundaes soupoudrés d'arachides et les performances de Nadia Comaneci aux Olympiques. Mais, comme on abandonne une vieille doudou usée, il faudra quitter pour la banlieue, puis la grande ville, sans que ne s'effiloche ce tissu de tantes, de soeurs, de grand-mères et de copines qu'on garde en nous pour toujours.
Ce que j'ai aimé :
-Dès la première ligne, j'ai accroché mes patins, pour suivre le ton rythmé et vif de Martine Delvaux. Des phrases courtes, amusantes à s'en lécher les doigts. C'est un livre qui m'a fait sourire, avec toutes ces références à la culture populaire : Elvis Presley, Cracker Jack et Kraft Dinner. Un univers américanisé, qui fait écho à nos plaisirs coupables. Une tapisserie vintage, attendrie par le regard naïf de la narratrice enfant.
-Outre ce côté givré, au souffle rose, il reste que l'innocence ne dure pas toujours. Le roman a un petit goût suret et croustillant qui surprend. Des bébés lapins retrouvés morts, les disparitions inexpliquées de fillettes. Sans tomber dans le fait divers, Martine Delvaux construit plutôt un réseau de souvenirs, un héritage de fraternité féminine.
-Le récit est structuré comme un oeuf, en trois couches successives : le village, la banlieue, la ville. J'ai préféré la première partie consacrée à l'enfance. Les deux autres sections, beaucoup plus courtes, m'ont semblé moins magiques, mais je crois qu'elles étaient nécessaires à la création d'une oeuvre aboutie, permettant le passage à l'âge adulte, à l'éclosion d'une réflexion et à ce regard vers l'arrière. Tout de même, l'ensemble demeure humoristique, frais et explosif.
-En refermant ce roman, j'ai eu envie de faire des stepettes dans
l'allée de mon dépanneur, puis de chanter sur un air de Michel Louvain :
Connaissez-vous Martine Delvaux ? Bon, je me suis gardée une petite
gêne, mais entre nous, je vous le dit : c'est du bonbon !
Extraits favoris :
« Je suis arrivée dans un monde où on ne parlait plus des hommes, ce n'était pas un sujet de conversation parce qu'ils n'existaient pas vraiment, seulement les grands-pères, les patrons, les voisins, les médecins. La vie se passait entre filles. Il y avait la grand-mère et ses vieilles soeurs innocentes et maléfiques. Il y avait ma mère qui travaillait beaucoup. Il y avait moi. »
« En Russie, on dit que dans chaque petite fille habite une femme, comme des poupées qui auraient été emboîtées à l'envers, c'est la plus grande qui est au centre. Toutes ces filles débusquées, elles étaient à l'intérieur de moi et je les avais sorties au grand jour, comme les lapins qui sortent des chapeaux de magicien. »
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