Titre : Pour une dernière fois, je m'abaisserai dans tes recoins
Éditeur : Druide
Parution : 2013
Format : 128 pages
Résumé :
Le comédien Patrick Drolet nous a souvent offert un jeu personnel et tout en retenue - que l'on pense à son rôle de François dans La Neuvaine ou à son interprétation d'André Mathieu dans L'enfant prodige. On retrouve cette même sobriété, qui n'est pas sans rappeler une sagesse ancestrale, dans son deuxième roman : Pour une dernière fois, je m'abaisserai dans tes recoins.
Cette novella met en scène un homme qui se réfugie dans une église pour livrer un ultime combat avec sa mémoire. On sait peu de choses sur lui, sinon qu'il est recouvert de lambeaux et demande de l'aide. Est-il fou ? A-t-il commis des actes irréparables ? Si le roman reste parfois hermétique sur certaines questions, il n'en demeure pas moins qu'en se laissant porter par les allégories du récit, le lecteur verra ses propres réflexions ressurgir et faire écho à l'histoire racontée. Comment la mémoire nous façonne-t-elle ? Oublier, est-ce pardonner ?
Ce que j'ai aimé :
« Pour se fabriquer, il faut avoir un passé, un port d'attache qui résonne. Sans résonance, on ne peut rien. Il faut avoir une mémoire qu'on traîne de jour en jour. »
Le roman, divisé selon les stations du chemin de croix, a un caractère monastique, solennel et étrange. Confessionnal, vitraux, encens, tous concordent à créer une ambiance forte et légèrement surnaturelle. Ce décor rappelle un univers mystique, d'une texture particulière, dans lequel le murmure est traversé de colère, les objets inanimés prennent vie et une poésie grave flotte dans l'air. Accompagné par un récital de Bach ou de Rachmaninov, on assiste à la chute, puis à la rédemption du protagoniste, grâce à une corporalité qui nous rapproche du théâtre.
L'aspect fantastique du récit m'a séduite, de même que cette manière inattendue de donner forme à un sujet abstrait comme la mémoire. En effet, elle est ici personnifiée par une créature aux mouvements « exorbitants et déchaînés », comme si l'auteur avait plongé ses racines dans un terreau exalté, complètement déstabilisant et fascinant - sans toutefois tomber dans le grotesque. Il s'agit d'un récit singulier, qui détonne dans le paysage littéraire actuel, mais qui saura plaire aux lecteurs prisant les mystères de l'âme et les atmosphères surannées.
Extrait favori :
« J'aimerais que les nuages puissent tomber du ciel comme une lourde pluie. Je sculpterais dans cette matière mouillée un vertige qui me plongerait loin du soleil. Je pourrais naviguer vers un destin, le destin d'un nuage qui cherche à poser le pied et à respirer. Ensemble, on pourrait emprunter le temps de se confectionner une histoire ancienne. On défierait les cieux, on laisserait derrière nous ce qu'on croyait être notre historique et on plongerait vers notre incurable destinée. »
Lu dans le cadre de La recrue du mois
J'avais beaucoup aimé son interprétation d'André Mathieu... du coup, je suis fort curieuse! Pourquoi pas!
RépondreSupprimerC'est un rôle qui m'avait beaucoup touchée, moi aussi. Son dernier roman est particulier, mais très intéressant ! Je te le conseille :)
SupprimerUn très beau titre !
RépondreSupprimerAh oui, je te l'accorde : ce titre est magnifique !
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