10 avril 2016

Je suis une maudite sauvagesse

Auteur : An Antane Kapesh
Titre : Je suis une maudite sauvagesse
Éditeur : Leméac
Parution : 1976
Format : 242 pages

Résumé :

J'ai découvert l'écrivaine innue An Antane Kapesh avec son deuxième ouvrage, intitulé Qu'as-tu fait de mon pays ?. Ce texte sur la colonisation m'avait profondément bouleversée. J'ai eu envie de la retrouver cette année par l'entremise de son premier livre. Il s'agit d'un essai autobiographique, où elle présente des événements qui ont marqué sa vie et sa communauté. En prenant la parole, elle dénonce la dépossession de son peuple et défend aussi sa culture. Première femme amérindienne à avoir publié au Québec, elle nous a laissé un témoignage qui manifeste la persévérance et la dignité.

Ce que j'ai aimé :

An Antane Kapesh porte en elle la tradition orale de ses ancêtres. Son récit autobiographique ne vise pas à exposer ses sentiments personnels. Il respecte plutôt la vision amérindienne selon laquelle le bien-être collectif prime sur l'individualisme. « Quand j’ai songé à écrire pour me défendre et pour défendre la culture de mes enfants, j’ai d’abord bien réfléchi, car je savais qu’il ne fait pas partie de ma culture d’écrire ». Près des coutumes narratives du conteur, son livre contient peu de dates précises et est divisé en épisodes. Chaque chapitre correspond à un sujet unique : l'arrivée du Blanc sur le territoire, la découverte du minerai, la justice et la police, la vente d'alcool, les cinéastes et les journalistes. L'auteure nous renseigne sur la réalité innue avant la création des réserves et démontre clairement les conséquences néfastes du colonialisme.

Cet ouvrage essentiel propose aussi des solutions inspirantes. Pour combler le fossé qui sépare les générations, il valorise notamment l'enseignement de la langue autochtone auprès des jeunes. Il suggère la transmission de l'héritage culturel et des savoirs-faire. Les problèmes décrits dans cet essai, tels que le racisme et la brutalité policière, demeurent d'actualité. La pionnière An Antane Kapesh exprime sa colère face à ces injustices. Elle encourage son peuple à être fier de ses racines. Si elle n'emploie pas un style littéraire recherché, elle nous offre un grand legs anthropologique.

Extrait favori :

Je suis une maudite Sauvagesse. Je suis très fière quand aujourd'hui je m'entends traiter de Sauvagesse. Quand j'entends le Blanc prononcer ce mot, je comprends qu'il me redit sans cesse que je suis une vraie Indienne et que c'est moi la première à avoir vécu dans le bois. Or toute chose qui vit dans le bois correspond à la vie meilleure. Puisse le Blanc me toujours traiter de Sauvagesse.

An Antane Kapesh

10 commentaires:

  1. Ça fait longtemps que je veux lire un roman de littérature autochtone. Justement, j'en avais noté un probablement dans le journal 'Les libraires'. J'en avais discuté avec Geneviève. Je dois retrouver le titre. Mais celui-ci semble tout plein de sensibilité. :)

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    1. Je te souhaite de faire de très belles découvertes grâce à la littérature autochtone. Le lien avec la nature et l'humanité qui s'en dégage sont vraiment sublimes. Bonne fin de semaine chère Céline :)

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  2. Avec l'aide de Geneviève, j'ai retrouvé ce livre dont je te parle plus haut. C'est 'Mémoire d'encrier' par Naomi Fontaine
    http://memoiredencrier.com/kuessipan/
    Peut-être le connais-tu? :) Le titre est tellement joli!

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    1. Oh oui, quel beau titre ! Il m'attend patiemment dans ma bibliothèque. J'espère que tu te laisseras tenter aussi :)

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  3. Toutes ces lectures de l'histoire et du présent des premières nations sont essentielles; j'y vais tout doucement pour ma part, car j'en ressors à chaque fois bouleversée.
    « Ourse bleue » de Virginia Pésémapéo Bordeleau lu il y a deux ans et qui était pourtant « romancé » m'avait littéralement ébranlée.
    Parlant de littérature autochtone, dans le prochain numéro de La Recrue se trouvera un billet de Mélina sur « Une vraie bonne petite métisse » de Marilyn Dumont. Mon petit doigt me dit que ce titre devrait te tenter. ;-) Bises

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    1. Je file lire le billet de Mélina ! Merci pour tes suggestions inspirantes, chère Marion. Je les note bien précieusement. Doux samedi à vous trois :)

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  4. Un livre lu il y a longtemps et qui m'a bouleversée. Étant métisse Malécite, le parcours de An Antane Kapesh m'a ouvert sur bien des choses de mon passé. À lire et relire.

    Meegwetch Topinambulle pour ce beau billet.

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    1. Tes mots me touchent beaucoup, Suzanne. Oui, il faut lire et relire cette pionnière ! Je crois que ses ouvrages ont été fraîchement réédités par le Centre d'amitié autochtone du Saguenay. Si je peux encourager quelques personnes à s'y plonger, j'en serais très heureuse :)

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  5. C'est évidemment un sujet qui me touche beaucoup et ce témoignage doit être d'autant plus intéressant qu'il est le premier du genre au Québec. Je note, forcément !

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    1. C'est un récit très intéressant, car An Antane Kapesh a connu le mode de vie traditionnel ainsi que les bouleversements survenus par la suite. Je crois qu'il sera difficile à trouver en France, alors j'essaierai de t'envoyer une photocopie du texte. On se tient au courant ! Bises douces :)

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