Titre : La désolation
Éditeur : Triptyque
Parution : 2013
Format : 175 pages
Résumé :
La désolation se définit comme une « affliction extrème » ou une « ruine entière ». Ce mot prend tout son sens dans ce deuxième recueil de nouvelles de Jérémie Leduc-Leblanc, imposant une réflexion profonde sur les enjeux du monde actuel.
Des personnages, aux quatres coins de la planète, affrontent le même combat au quoditien, soit de faire face à l'adversité - de la mort, de la maladie ou du vide existentiel. D'autre part, le nouvellier évoque des paysages dévastés, en lien avec l'actualité, tel que les événements du 11 septembre ou le tremblement de terre en Haïti.
Ce recueil, très bien dosé et structuré, nous offre un autre fil conducteur indéniable, soit la stature d'un nouvelliste de talent, sachant manier l'art du fragment, avec sobriété et humanisme.
Ce que j'ai aimé :
-La première nouvelle, Les mots bleus, ouvre la voie en rendant hommage à l'écriture. Un grand-père encourage son petit-fils à travailler ses textes, à parfaire sa technique, décelant que celui-ci possède un don pour les mots. Le jeune garçon intitulera sa première histoire « Berêshîth », se traduisant par « Au commencement ». Ce titre nous renvoie subtilement à la nouvelle éponyme de Jérémie Leduc-Leblanc, lauréate au Prix de la nouvelle Radio-Canada 2002. Ce petit clin d'oeil émouvant introduit d'une très belle façon les récits qui suivront, ainsi que la plume soignée et claire qui les façonne.
-J'ai trouvé ce recueil intéressant et diversifié, car il se déroule dans plusieurs villes du monde : Berlin, Los Angeles, Montréal, Port-au-Prince, Zurich et New York. Ancré dans la modernité, il crée un prisme où les facettes d'une multitude se rencontrent : masculin et féminin, jeune et vieux, juif et musulman, hétérosexuel et homosexuel. Les personnages sont souvent confrontés à un bouleversement intérieur, mis en parallèle avec des catastrophes extérieures. Dans Un Hombre Solo, un avocat se retrouve seul avec une jeune serveuse, au 107e étage d'une tour du World Trade Center. Dans On a clear day, un chauffeur haïtien réussit à sentir les effluves de vétiver et les rayons du soleil, à travers la poussière du séisme. En se penchant sur la dévastation, l'auteur nous amène à songer à la fragilité d'un équilibre, individuel et planétaire.
-La dernière nouvelle, Jolene, referme très bien la boucle. En somme, Jérémie Leduc-Leblanc nous offre un recueil de qualité, faisant preuve d'intelligence et de maturité. Je relirai assurément ce nouvelliste qui a su me surprendre, avec des touches d'humour, de poésie et des images retentissantes. Car étrangement, il y a une beauté fascinante dans ces particules qui volent en éclats et dans cet abandon absolu, de « collision avec l'infini ».
Extraits favoris :
« Qui a dit qu'il n'y a pas de plus grande catastrophe que les petits détails du néant, tous ces imprévus, ces détours du destin, ces épines dans le ventre ? »
« Encore aujourd'hui, je t'aime sans réserve comme un corps à la dérive, radeau sans voile sur un océan où flottent de concert des icebergs et des pétales de rose. J'erre dans un fracassement de corps et de matière depuis le premier jour où, en chantant, tu es venu vers moi, récitant des poèmes de ton pays natal. »
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