Titre : Le mur mitoyen
Éditeur : Alto
Parution : 2013
Format : 344 pages
♥
Résumé :
Cet automne, Catherine Leroux nous revient avec un deuxième roman très attendu, Le mur mitoyen. Nous retrouvons avec ravissement métaphores organiques et phrases bruissantes qui caractérisent sa plume. Doux comme un cuir vieilli, son matériau de création dégage une assurance posée, une tranquillité soignée qui ne dédaigne pas prêter l'oreille aux crépitements du temps. Chez cette auteure, tout est liaison et relation. Sa syntaxe se forme de longues boucles lentes et vient soutenir naturellement les fils tissés entre les êtres. Aussi énigmatiques que les lignes de la main.
Ce que j'ai aimé :
« La nuit s'approche avec un souffle roux qui donne à la route la couleur d'un filon d'or »
Outre cette écriture magnifique, cette oeuvre chorale impressionne par sa structure même. Nous croisons de nombreux personnages, regroupés autour de trois noyaux gémellaires : Madeleine et son fils Édouard, dans les Maritimes ; Ariel et Marie, un couple évoluant dans le milieu politique ; Simon et Carmen, réunis au chevet de leur mère malade. Ces récits sont entrecoupés des courtes histoires d'Angie et Monette, deux fillettes vivant au Sud des États-Unis. L'auteure a créé une unité de ton, mêlant l'étrange et le duveteux, le silence du vent et le feu de l'âtre. Cette ambiance bien ronde lui permet de varier les sous-thèmes abordés (génétique, inceste, politique, errance, guerre) et les lieux visités (Nouveau-Brunswick, Montréal, Saskatchewan, Californie, Géorgie). Toutes ces histoires s'emboîtent et se rejoignent, que ce soit par des petits éléments qui réapparaissent d'une à l'autre, ou par leur rapport à la filiation.
« Les gens qui s'aiment sont tous des jumeaux à l'origine »
Le coeur battant de ce roman touffu se loge dans cette mince cloison qui sépare ou entrelance les gens qui s'aiment. Les puissantes révélations que feront les personnages sauront les rapprocher ou les éloigner de cette fusion originelle. Catherine Leroux s'est inspirée de faits réels pour construire ces intrigues étonnantes, que nous nous garderons bien de dévoiler. Mais, une chose est certaine : ce deuxième roman est un incontournable de la rentrée, d'une très grande humanité.
Extraits favoris :
« Les humains produisent un souffle prodigieux lorsqu'ils dorment, un souffle qui descend jusqu'au plus profond de leur être, et qui ramène à l'expiration les trésors et les monstres enfouis sous les croûtes de civilisations accumulées. Dense, inquiète, clairvoyante, la respiration de Marie est un chef-d'oeuvre. S'en approcher est le seul moment de pureté auquel Ariel peut désormais accéder. »
« Les jonquilles ont fleuri tôt et elle en a coupé neuf, une pour chaque année depuis la mort de Micha. C'est la première fois qu'elle se permet des fleurs aussi joyeuses. Avant, elle apportait des lys ou des tulipes. Depuis leur coeur noir, les tulipes comprennent le sérieux du deuil, et le parfum étourdissant des lys sait parler la langue des morts. Les jonquilles, avec leurs pétales doubles, leurs froufrous et leur couleur pétillante, disent tout autre chose. »
« Depuis des années, Madeleine héberge les passants, les voyageurs, les vagabonds de tout le continent. C'est son fils, lorsqu'il est parti à l'aventure à l'âge de dix-sept ans, qui s'est mis à donner l'adresse de sa mère aux gens qu'il rencontrait sur la route. Certains rêvent d'explorer les Maritimes, d'autres d'apprendre le français. Quelques-uns ont tout simplement besoin d'un endroit calme pour se poser, retrouver la santé, la paix, parfois leur âme. »
Lu dans le cadre de La recrue du mois
bonjour Topinambulle ! Toujours de belles idées de lectures chez toi. Mais les livres sont difficiles à trouver chez nous ... ou alors il faut aller à Paris à la librairie du Québec et c'est pas la porte à côté ... Je te souhaite un très beau dimanche de l'avent !
RépondreSupprimerAh oui, je comprends et c'est bien dommage qu'ils ne soient pas plus accessibles. En attendant, on peut partager notre amour des mots et de la lecture :) Bonne journée à toi aussi, chère Rose !
SupprimerUne auteure à suivre, je pense que comme Dominique Fortier, je lirai tous ses romans!
RépondreSupprimerTout à fait ! Elles ont toutes deux une sorte de douceur noble, qui donne envie d'en lire plus :)
SupprimerJ'ai adoré ce roman. Rien de moins!
RépondreSupprimerJe te comprends ! J'ai eu du mal à le refermer, tellement je m'étais attachée aux personnages. Bon dimanche Karine et merci pour ton passage :)
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