19 décembre 2013

Jeanne chez les autres

Auteur : Marie Larocque
Titre : Jeanne chez les autres
Éditeur : Tête première
Parution : 2013
Format : 308 pages



Résumé :

En lisant la feuille de route de Marie Larocque, voyageuse et mère de cinq enfants, j'ai été tout de suite attirée par son roman, me doutant bien qu'une Québécoise vivant en Haïti devait avoir un petit côté anticonformiste. Et puis, j'ai été charmée. Dès les premières lignes, j'ai été emportée par cette tragi-comédie et ses personnages hauts en couleur.

Ce que j'ai aimé :

Des danseuses à paillettes aux voleurs de banque, des tantes généreuses aux oncles moustachus, cette famille dysfonctionnelle, baignant dans la criminalité et la violence, possède assurément une énergie attachante. Réunis autour d'une partie de cartes ou d'un buffet du temps des Fêtes, ils deviennent palpables grâce à la plume vivante de Marie Larocque. Rapidement, j'ai eu l'impression de les connaître, car l'auteure a le sens du portrait. De plus, elle maîtrise le rythme et l'oralité, créant un cocktail explosif d'humour et d'images.

« Et en prime, les cinq jeunes Brisebois s'aimaient réellement. Plus que des frères et soeurs condamnés à se connaître par accident, ils se seraient recherchés comme amis, on l'aurait juré, tant ils semblaient tous faits de la même pâte et sortis de la même fournée.»

Parallèlement à ce tableau familial, campé sur le Plateau Mont-Royal des années 70, nous avons accès au journal intime de Jeanne, dans lequel elle évoque ses frustrations et ses bouillonnements intérieurs. Même s'ils adoptent parfois l'indifférence propre à l'adolescence, les mots de Jeanne permettent de sentir plus intimement sa difficulté à vivre au sein de cette famille instable, où règnent disputes, alcoolisme et suicides. L'auteure communique bien les émotions de Jeanne et j'ai eu le coeur en miettes à plusieurs reprises, lors de son séjour en centre d'accueil.

Par contre, cette section, plus unidimensionnelle, m'a semblé manquer un peu de souffle au milieu du roman. Heureusement, le dynamisme revient en deuxième partie et se maintient jusqu'à la fin. Ainsi, nous avons droit à un premier roman coloré, qui se lit presque tout seul et nous fait passer un très bon moment. Marie Larocque est une nouvelle auteure à suivre, pour ses propos audacieux et son style inimitable.

Extrait favori :

« Les Hamelin se fondaient dans le voisinage comme des bouquins sur un rayon. Des classiques du Plateau-Mont-Royal. Les deux époux étaient petits et frêles, avaient les cheveux foncés qui commençaient à grisonner et le teint jaune comme des filtres de cigarettes : ils fumaient comme une chaîne de montage. À l'avant de leurs visages, deux dentiers bien solides étincelaient comme des taches de propreté sur un plancher douteux. Des classiques, tout à fait. »

Lu dans le cadre de La recrue du mois


6 commentaires:

  1. Il est noté car je ne vois que des avis positifs à son sujet.

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    1. C'est un livre plein d'entrain. J'espère qu'il te plaira :)

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  2. Moi aussi noté depuis un bout. J'y arriverai sûrement un jour de 2014 ;-)

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    1. Je crois que tu aimerais bien. Tout comme Michel Tremblay, Marie Larocque a fait un excellent travail sur la langue parlée.

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  3. Tiens, très intéressant (moi je ne l'avais pas encore noté alors, voilà, c'est fait !). j'aime beaucoup les extraits que tu as choisi, ils donnent vraiment l'eau à la bouche !

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    1. Je te le garde pour une prochaine réunion du club de lecture :) Merci pour ta belle visite et bonne année 2014 !

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