Raison et sentiments

Auteur : Jane Austen
Titre : Raison et sentiments
Éditeur : Éditions 10/18
Parution : 1811
Format : 336 pages

Résumé :

À la mort de son époux, Mrs Dashwood doit quitter la demeure familiale de Norland pour s'établir dans un petit cottage du Devonshire avec ses trois filles, Elinor, Marianne et Margaret. Elles se trouvent privées de leur héritage au profit de John, fils issu d'un premier mariage, dont la femme cherche à diminuer les dépenses. Sans appui, elles devront faire face à une situation financière difficile. En âge de se marier, Elinor et Marianne Dashwood verront leur rêves contrariés par leur manque de ressources. De plus, si Marianne risque de s'attacher trop rapidement à un parfait inconnu, Elinor pourrait compromettre son avenir en cachant le fond de son cœur.

Ce que j'ai aimé :

Même si j'ai moins apprécié cette lecture qu'Orgueil et préjugés, dû à une ironie plus masquée, ce premier roman de Jane Austen reste une exploration agréable. Il permet de mieux comprendre la société anglaise de l'époque. Tout particulièrement, il s'intéresse à l'importance, pour les femmes peu fortunées, d'effectuer un bon mariage afin d'assurer leur statut social. Comme l'indique le titre, Jane Austen illustre la dialectique entre la raison et les sentiments. Les deux sœurs, Elinor et Marianne Dashwood, paraissent incarner respectivement ces deux principes. Des deux héroïnes, Elinor est celle qui garde la tête froide et refoule ses sentiments pour se consacrer au bien-être de ses proches. Marianne, elle, exprime ses émotions avec fougue et ne jure que par les élans romanesques. À l'instar de l'intrigue policière dont l'issue réside dans la révélation du meurtrier, l'intrigue amoureuse de ce récit consiste à découvrir si l'héroïne épousera celui qui saura lui gagner la stabilité espérée.

Cette histoire, qui démontre les maladresses de Marianne et le discernement d'Elinor, serait bien ennuyeux et didactique s'il ne s'avérait beaucoup plus subtil. Si Elinor semble indifférente aux tourments de sa sœur, sa sensibilité n'en est pas moins intense. Elle exprime parfaitement les idées de Jane Austen en matière amoureuse, car contrairement à Marianne, ses sentiments ne sont pas violents, mais forts. Ils demeurent le signe d'un esprit noble, tandis que la passion est synonyme d'inconstance, tel que prouvé par le caractère volage de John Willoughby. De son côté, Marianne apprendra à tempérer son exaltation. Même si elle valorise la raison, Jane Austen ne tombe pas dans le piège du mariage d'intérêt et fait preuve de finesse : la raison doit canaliser le sentiment sans l'étouffer, le sentiment doit radoucir la raison sans l'occulter. Là se loge la délicatesse de ce roman d'amour, qui inspira tant de jeunes filles, ainsi que le magnifique film d'Ang Lee.

Raison et sentiments (le film)

Extrait favori :

« S'il épousait une telle femme, cela n'aurait rien de choquant. Ce serait un mariage de convenance et le monde serait satisfait. À mes yeux, ce ne serait pas un mariage du tout, ce ne serait rien. Cela m'apparaît seulement comme un échange commercial, dans lequel chacun cherche son avantage aux dépens de l'autre. »

Lu dans le cadre du Challenge amoureux