Titre : Garage Molinari
Éditeur : Québec Amérique
Parution : 1999
Format : 258 pages
Résumé :
Par une belle journée de printemps, Jérôme, 20 ans, et son demi-frère Jules, 7 ans, se retrouvent orphelins. Suite à cet événement, le plus grand vit avec un traumatisme qui lui fait ouvrir tous les robinets, tandis que le petit affiche un retard de développement. Pour surmonter cette épreuve, ils décident de former une famille « synthétique » avec leur voisine Joëlle et d'habiter tous les trois ensemble dans un HLM. Transformé par une langue ensoleillée et fantaisiste, ce quotidien difficile répare ses ailes sous la plume de Jean-François Beauchemin. Un vent doux sur la peau, le chant des oiseaux, leur apprendra doucement ce qui rend le coeur heureux.
Ce que j'ai aimé :
Dans ce bouquin, j'ai été agréablement surprise par la façon dont l'écrivain réenchante le réel. Dès la préface, Jean-François Beauchemin nous annonce que la réalité subit d'« importants travaux de rénovation ». Cela se reflète dans un propos résolument humaniste et optimiste, « où l'amitié est plus importante que l'argent, où la gentillesse et la compassion remplacent [...] l'agressivité et l'indifférence, où la joie est plus forte que l'ennui ». Cette inclination pour le bonheur est supportée par un style poétique, où l'auteur joue habilement avec les mots et crée des images farfelues. Dans l'ensemble, c'est une histoire qui laisse une grande place à l'imaginaire et à l'allégresse de l'enfance.
La narration est assumée par Jérôme, mais elle intègre aussi la parole des autres personnages en italique, la trame sonore du quartier, les déplacements des animaux alentour. Cela donne un récit introspectif, offrant des réflexions philosophiques sur le sens de l'existence, tout en restant très animé et débordant de vie. Même s'il sonde des sujets durs comme le deuil et la pauvreté, le romancier insuffle beaucoup d'espoir et de tendresse dans son texte. Autour des deux orphelins, une communauté se forme et s'entraide. Il est si beau de voir qu'une goutte d'espoir peut redonner un sourire, qu'une parole douce peut égayer une journée grise. En lisant cette fable réconfortante, j'ai réalisé que Jean-François Beauchemin est attentif à la magie du quotidien, à la beauté de la nature, et qu'il le démontre en restant sensible au choix des mots qu'il emploie, à leur musique. J'en suis venue à me demander : et si l'écriture était, comme le bonheur qui passe, une manière de rester attentif à l'instant sublime lorsqu'il se présente ?
Extraits favoris :
« Dehors l’été chauffait les trottoirs, et par la fenêtre ouverte on entendait parfois les cris des enfants du quartier qui jouaient dans des boîtes de carton devant les HLM. À ces voix se mêlaient celles des chiens qui sautillaient autour des gamins en essayant de comprendre les jeux des humains, mais qui au fond ne désiraient que leurs caresses. Sur les pelouses d’autres chiens faisaient la sieste, puis quand leurs rêves de chiens s’achevaient, ils se levaient et on voyait l’empreinte de leur physique qui restait un moment sur l’herbe. Ensuite le vent venait tout replacer. On regardait ça, on pensait un peu à la vie en général et on se demandait à la fin, qu’aurai-je laissé derrière moi ? »
« Quand elle a entendu ça Joëlle a mélangé les larmes avec un sourire sur son visage, et cette combinaison c'était beau comme une corde à linge qui dégouline sous le soleil après la pluie. »
Ce que j'ai aimé :
Dans ce bouquin, j'ai été agréablement surprise par la façon dont l'écrivain réenchante le réel. Dès la préface, Jean-François Beauchemin nous annonce que la réalité subit d'« importants travaux de rénovation ». Cela se reflète dans un propos résolument humaniste et optimiste, « où l'amitié est plus importante que l'argent, où la gentillesse et la compassion remplacent [...] l'agressivité et l'indifférence, où la joie est plus forte que l'ennui ». Cette inclination pour le bonheur est supportée par un style poétique, où l'auteur joue habilement avec les mots et crée des images farfelues. Dans l'ensemble, c'est une histoire qui laisse une grande place à l'imaginaire et à l'allégresse de l'enfance.
La narration est assumée par Jérôme, mais elle intègre aussi la parole des autres personnages en italique, la trame sonore du quartier, les déplacements des animaux alentour. Cela donne un récit introspectif, offrant des réflexions philosophiques sur le sens de l'existence, tout en restant très animé et débordant de vie. Même s'il sonde des sujets durs comme le deuil et la pauvreté, le romancier insuffle beaucoup d'espoir et de tendresse dans son texte. Autour des deux orphelins, une communauté se forme et s'entraide. Il est si beau de voir qu'une goutte d'espoir peut redonner un sourire, qu'une parole douce peut égayer une journée grise. En lisant cette fable réconfortante, j'ai réalisé que Jean-François Beauchemin est attentif à la magie du quotidien, à la beauté de la nature, et qu'il le démontre en restant sensible au choix des mots qu'il emploie, à leur musique. J'en suis venue à me demander : et si l'écriture était, comme le bonheur qui passe, une manière de rester attentif à l'instant sublime lorsqu'il se présente ?
Extraits favoris :
« Dehors l’été chauffait les trottoirs, et par la fenêtre ouverte on entendait parfois les cris des enfants du quartier qui jouaient dans des boîtes de carton devant les HLM. À ces voix se mêlaient celles des chiens qui sautillaient autour des gamins en essayant de comprendre les jeux des humains, mais qui au fond ne désiraient que leurs caresses. Sur les pelouses d’autres chiens faisaient la sieste, puis quand leurs rêves de chiens s’achevaient, ils se levaient et on voyait l’empreinte de leur physique qui restait un moment sur l’herbe. Ensuite le vent venait tout replacer. On regardait ça, on pensait un peu à la vie en général et on se demandait à la fin, qu’aurai-je laissé derrière moi ? »
« Quand elle a entendu ça Joëlle a mélangé les larmes avec un sourire sur son visage, et cette combinaison c'était beau comme une corde à linge qui dégouline sous le soleil après la pluie. »
Lu dans le cadre de Québec-o-trésors
D'après les commentaires que j'ai lus sur ses autres oeuvres, on dirait que celle-ci est beaucoup plus gaie et lumineuse? Je voudrais découvrir cet auteur et ne sais trop par quel titre commencer...
RépondreSupprimerJe crois que Le jour des corneilles est plus sombre, mais celui-ci est vraiment un livre qui fait du bien ! La présence des animaux, le travail sur la langue, ça pourrait te plaire. J'ai aussi beaucoup aimé La fabrication de l'aube, mais il s'agit plutôt d'une autofiction. Bonne découverte Grominou :)
SupprimerMerci de me rappeler cet excellent moment de lecture. J'adore les premières oeuvres de Jean-François Beauchemin ("Comme enfant je suis cuit", "Le jour des corneilles"), beaucoup moins ce qu'il y écrit ces dernières années. À relire...
RépondreSupprimerAh oui, on passe un bon moment avec ce livre ! J'ai l'impression que je vais le partager autour de moi :) J'ai vu un lien avec ses ouvrages récents dans la réflexion, mais j'ai été surprise par les trouvailles langagières. Ça m'a beaucoup plu !
SupprimerOuf ! Si tout le livre est de la même intensité que l'extrait que tu as choisi, voici une lecture que je ne veux pas manquer ! Merci Topi !
RépondreSupprimerÇa me fait plaisir ! Oui, tout le livre est aussi truculent. En fait, cette lecture est une suggestion de Venise, alors on se met à deux pour lui dire un gros merci ? Bises Marion :)
SupprimerOh, alors je n'hésite plus ! :) C'est à Venise que je dois déjà la découverte de Denis Thériault, or « L'iguane » fait assurément partie de mes plus belles lectures de l'été, donc ... je file réserver ce titre-ci et je dirai un gros merci à Venise en direct le 12 septembre. Pourras-tu être là ?
SupprimerOh chouette ! Je te souhaite un très bon moment de lecture. Bonne idée pour le merci en direct, c'est encore mieux :) J'aurais aimé y assister, mais je vais être dans la peinture cette journée-là. On rénove notre petit nid :) J'espère qu'on pourra se voir à la prochaine rencontre !
SupprimerAh là là.... si je m'attendais à ce que tu parles de mon livre préféré Top 10 de ma vie. J'aurais tellement aimé l'écrire, il est si près de moi. Oui, je trouve que c'est une excellente manière d'aborder J.F. Beauchemin une première fois. Je ne le dis pas pour toi qui l'a déjà lu.
RépondreSupprimerJ'en ai deux exemplaires à la maison. C'est comme une réserve de bonheur en conserve.
Merci du conseil, Venise, c'est noté! :)
SupprimerCoucou Venise ! Quand j'ai su pour ton opération, j'ai eu envie de lire ce roman pour être en pensée avec toi. J'espère que ta guérison se passe bien et je t'embrasse affectueusement. Hihi, une réserve de bonheur en conserve, c'est joli :)
SupprimerMagie du quotidien, ça me parle, ça! Merci pour ta participation!
RépondreSupprimerOui, cela nous fait prendre conscience des belles choses qui se trouvent juste sous notre nez. Si ça te parle, n'hésite pas :)
SupprimerJe n'ai lu qu'un roman de Beauchemin mais j'avais été enchantée par sa langue poétique et passionnante. Je ne peux donc que noter !
RépondreSupprimerOh chouette ! Quel livre as-tu lu de Beauchemin ? Je suis curieuse :) C'est un auteur que j'aime beaucoup. Ses livres me font un peu le même effet que ceux de Jacques Poulin. Un parfum de tendresse et de bonté !
SupprimerJe l'ai commencé hier soir... ;-)
RépondreSupprimerSuper ! Tu m'en donneras des nouvelles :)
SupprimerJ'ai refermé ce petit bijou de tendresse il y a deux jours, mais je n'ai pas écrit de billet. Je ne sais pas trop comment parler de ce livre si ce n'est pour dire que j'ai eu le sourire aux lèvres pendant (presque) toute ma lecture. Oui, je comprends maintenant ce que dit Venise lorsqu'elle parle de « réserve de bonheur ». C'est un livre à conserver à proximité pour y puiser de belles énergies lorsque le besoin se fait sentir. Belle fin de semaine :)
SupprimerJe suis ravie que ça t'ait plu ! Bon dimanche Marion :)
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