Auteur : Ying Chen
Titre : Espèces
Éditeur : Boréal
Parution : 2010
Format : 212 pages
Résumé :
De façon énigmatique, une femme se transforme en chat et accède à une toute nouvelle liberté : des sorties nocturnes, des ballades sur les toits, du poisson frais donné par les marchands du coin. Sous cette nouvelle apparence, elle décide d'observer comment son mari réagira à sa disparition. Elle développe avec lui une relation beaucoup plus tendre qu'auparavant. Une relation sans mots. Affranchie des contraintes sociales, elle se réjouit de cette vie simple et contemplative. Cette fable philosophique pose un regard original sur les relations humaines. Un roman qui a du mordant !
Ce que j'ai aimé :
-C'est le deuxième roman que je lis de Ying Chen. Je commence tout juste à la découvrir. Mais, déjà, je sens son attirance pour les symboles. Ici, le chat est une manière d'aborder la complexité féminine.
-Avant sa réincarnation féline, la narratrice est une femme qui vit à côté de sa vie, comme paralysée par toutes les exigences qu'elle sent tournées vers elle : être belle, être une bonne cuisinière, être une bonne épouse, être mère. Cette transformation lui permet de prendre un recul sur son existence.
-Elle se questionne sur le pouvoir des mots, sur ce rapport dominant-dominé au sein du couple. Se trouvant maintenant dépendante de son maître, comment vit-elle cette vie de chat ? Elle trace des parallèles entre les deux espèces avec un humour caustique. Des réflexions qui explore les recoins sombres, comme un chat qui perçoit des lueurs dans le noir.
-J'adore les chats. Je ne peux imaginer ma vie sans eux. Alors, bien sûr, je me suis délectée des aventures de la femme-chat. C'est une chatte des plus habiles, qui sait solliciter les plus belles gâteries. Elle garde tout de même une part humaine. J'ai trouver cette personnification vraiment réussie.
Extraits favoris :
« Lorsque je suis libérée d'abord de ma fierté d'individu, et finalement de mes désirs de possession, de croissance et de survie, ensuite de ma peur de mourir, plus précisément lorsque je me sens déjà morte en quelque sorte, n'ayant plus rien à perdre et pouvant tout donner, c'est alors seulement que l'amour pour l'autre me semble possible. »
« Quand nous nous trouvons face à face, nous sommes contraints au recueillement, à la réserve. Nos corps bougent d'un coin de la maison à l'autre dans la variation de la lumière et de l'ombre, comme des bêtes préhistoriques, sans langue. Voilà une condition paradisiaque. Notre maison calme flotte dans un monde bruyant, telle une île qui se tient dans le va-et-vient des vagues étourdissantes. »
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