28 août 2014

C'est moi qui éteins les lumières

Auteur : Zoyâ Pirzâd
Titre : C'est moi qui éteins les lumières
Traduction : Christophe Balaÿ
Éditeur : Zulma
Parution : 2011
Format : 352 pages



Résumé :

Ce roman nous transporte en Iran, dans la ville d'Abadan, durant les années 60. Il raconte l'histoire d'une famille arménienne, en suivant les pensées de Clarisse, une mère au foyer discrète. Attentive aux besoins de tous et chacun, elle verra son équilibre émotif être bouleversé par l'arrivée d'un nouveau voisin, venu de la capitale. Poète à ses heures, il lui offrira des romans, ainsi que la possibilité de se rêver autre. Avec une étonnante finesse, Zoyâ Pirzâd nous dévoile le conflit intérieur de son héroïne, épousant son trouble et sa retenue, comme l'on enfile un collier de perle en secret. Une très belle lecture !

Ce que j'ai aimé :

Ce roman intimiste m'a envoutée par la sobriété de sa plume, aussi soyeuse et radieuse que la peau d'une pêche. Christophe Balaÿ, son traducteur, a fait un travail impeccable pour transmettre sa texture sensible, ses variations impressionistes. À l'instar de la cuisine et de sa large fenêtre, qui occupent une place centrale dans cet opus, on oscille entre un univers intérieur et extérieur, entre le quotidien et le rêve éveillé, entre la saveur des mets et la lumière qui rythme le jour.

Zoyâ Pirzâd exprime la subtilité des préoccupations féminines, avec une grande universalité. Malgré certaines différences culturelles, on se retrouve dans le monologue intérieur de Clarisse. Quelle femme n'a jamais songé à la place qu'elle occupe dans la société, au rôle qu'elle tient auprès des autres, au temps qu'elle s'octroie à elle-même ? En tant que lectrice, on se sent près de cette femme iranienne comme d'une soeur, comme d'un double de soi-même dans un pays lointain.

Sur le plan narratif, l'écrivaine rend compte aussi bien des moments de silence que des univers polyphoniques. Elle détient également l'art d'entremêler les deux, alors que Clarisse devient invisible aux invités qu'elle reçoit, et que son esprit vagabonde. Par ailleurs, j'ai apprécié que Zoyâ Pirzâd aborde l'histoire du peuple arménien, un sujet qu'elle intègre parfaitement bien dans les chroniques journalières du roman. Ce livre, qui se savoure lentement, se termine sur une ouverture magnifique, nous laissant avec le souhait de retrouver cette musique.

Extraits favoris :

« Toutes les deux raffolaient de ces petites pastilles multicolores au chocolat. Une branche de saule penchait sur la balancelle en fer. Les rosiers étaient couverts de boutons. »

« Je regardai ma tasse entre les mains osseuses de ma mère. C'était une petite tasse à fleurs roses. La peau des mains était fripée, couverte de veines bleues et proéminentes. »

6 commentaires:

  1. Ton commentaire donne assurément envie! Je note ce joli titre.

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    1. C'est mon coup de coeur de l'été ! Je te le prêterai si tu veux :)

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  2. Ah ben, j'ai failli écrire mot pour mot le même commentaire que Lucie ! Je plussoie donc : si ce que tu dis du roman donne très envie de le lire, la manière dont tu le dis en remet une couche. Ton billet est lui-même poétique et lumineux et on ne peut qu'avoir envie de découvrir le roman qui te l'a inspiré ! Je note donc ^^

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    1. Ah oui, mon inspiration me vient directement de ce livre, qui m'a fait voyager, réfléchir. Je crois que tu aimerais bien ! :)

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  3. Oooooh que ça semble tentant! Je note en très foncé.

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    1. J'ai découvert cette auteure par ses nouvelles, mais on retrouve la même attention aux détails de la vie dans ce roman. Je conseille vivement !

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