Titre : Les maisons
Éditeur : Le Cheval d'août
Parution : 2015
Format : 222 pages
♥
Résumé :
Que feriez-vous si votre premier amour vous donnait rendez-vous dans trois jours ? Voilà le dilemme auquel sera confrontée Tessa, une mère de jeunes garçons, qui partage sa vie avec un conjoint attentionné. D’une part, elle pressent que cette rencontre pourrait anéantir les solides assises qu’elle a édifiées depuis quinze ans. Mais, d’un autre côté, le feu de cette passion avortée couve continuellement sous les cendres. Le roman progresse telle une flèche tendue vers cette journée décisive.
Ce que j'ai aimé :
Il y aura un appel caché, l’achat d’une robe étoilée, les souliers d’un autre âge ressortis timidement de l’armoire. La force de Fanny Britt consiste à ancrer son récit dans une réalité quotidienne, brodée de menus détails, mais qui révèle l’universel grâce à une douce lumière impressionniste. Si le thème du désir d’adultère occupe une place centrale, l’auteure se penche aussi sur plusieurs sujets connexes : la maternité, le vieillissement, l’amitié, le décalage entre les rêves et la nature concrète des choses. Une sorte de monologue intérieur, néanmoins en phase avec les questionnements de la société actuelle. Pareillement à sa pièce de théâtre Bienveillance, le premier roman de la dramaturge explore plusieurs couches de sens, tout en restant simple et fluide.
« Ce qui est étrange, c’est que j’ai beaucoup parlé à Francis, dans ma tête, depuis quinze ans. Il a assisté à la résolution de plus d’un conflit intérieur. Il suffisait de l’invoquer pour que tout mon fiel magnifique revête son plus beau costume à paillettes et s’empare du micro », observe Tessa avec la franche autodérision qui la caractérise. C’est donc à une réflexion sur les fantasmes que nous convie Les maisons. Francis, l’ancien amant, reste une chimère, un fantôme omniprésent qui relie la narratrice à une version d’elle-même qui n’existe plus et qu’elle voudrait retrouver. L’invitation de cet homme permet à Tessa de renouer avec son passé et d’examiner ce que sont devenus les idéaux de ses vingt ans : sa carrière de chanteuse classique délaissée pour celle d’agente immobilière, son tempérament fougueux – mélange de Patti Smith et d’Emily Brontë – apaisé par les mains rassurantes de son mari.
Le ton oscille entre une perspicacité mordante et la nostalgie d’une époque révolue, de façon toujours très sentie. En fin de compte, le lecteur assiste au passage du temps, entre 1982 et 2004 ; au changement de la vision que cette femme porte sur elle-même et sur les gens qui l’entourent. Qui a dit que le triangle amoureux ne pouvait plus se réinventer ? Sûrement pas Fanny Britt, qui prouve ici que ce poncif vieux comme le monde peut mener à un portrait psychologique juste et touchant.
Extrait favori :
« Sophie sait tout de cet homme, du regret que j'ai eu de lui et qui pèse sur ma vie. Elle sait les années passées à le chercher partout, dans les chansons, les films et les milliers de pas parcourus sur les trottoirs de ma ville. Elle sait que Jim ne connaît à peu près rien de cette histoire, tant même évoquer son nom, les premières années, m'était douloureux. Elle sait tout. Ce que j'ai dit sur moi, ce que je n'ai pas dit. Elle sait ce qui n'a pas guéri. »
Ce que j'ai aimé :
Il y aura un appel caché, l’achat d’une robe étoilée, les souliers d’un autre âge ressortis timidement de l’armoire. La force de Fanny Britt consiste à ancrer son récit dans une réalité quotidienne, brodée de menus détails, mais qui révèle l’universel grâce à une douce lumière impressionniste. Si le thème du désir d’adultère occupe une place centrale, l’auteure se penche aussi sur plusieurs sujets connexes : la maternité, le vieillissement, l’amitié, le décalage entre les rêves et la nature concrète des choses. Une sorte de monologue intérieur, néanmoins en phase avec les questionnements de la société actuelle. Pareillement à sa pièce de théâtre Bienveillance, le premier roman de la dramaturge explore plusieurs couches de sens, tout en restant simple et fluide.
« Ce qui est étrange, c’est que j’ai beaucoup parlé à Francis, dans ma tête, depuis quinze ans. Il a assisté à la résolution de plus d’un conflit intérieur. Il suffisait de l’invoquer pour que tout mon fiel magnifique revête son plus beau costume à paillettes et s’empare du micro », observe Tessa avec la franche autodérision qui la caractérise. C’est donc à une réflexion sur les fantasmes que nous convie Les maisons. Francis, l’ancien amant, reste une chimère, un fantôme omniprésent qui relie la narratrice à une version d’elle-même qui n’existe plus et qu’elle voudrait retrouver. L’invitation de cet homme permet à Tessa de renouer avec son passé et d’examiner ce que sont devenus les idéaux de ses vingt ans : sa carrière de chanteuse classique délaissée pour celle d’agente immobilière, son tempérament fougueux – mélange de Patti Smith et d’Emily Brontë – apaisé par les mains rassurantes de son mari.
Le ton oscille entre une perspicacité mordante et la nostalgie d’une époque révolue, de façon toujours très sentie. En fin de compte, le lecteur assiste au passage du temps, entre 1982 et 2004 ; au changement de la vision que cette femme porte sur elle-même et sur les gens qui l’entourent. Qui a dit que le triangle amoureux ne pouvait plus se réinventer ? Sûrement pas Fanny Britt, qui prouve ici que ce poncif vieux comme le monde peut mener à un portrait psychologique juste et touchant.
Extrait favori :
« Sophie sait tout de cet homme, du regret que j'ai eu de lui et qui pèse sur ma vie. Elle sait les années passées à le chercher partout, dans les chansons, les films et les milliers de pas parcourus sur les trottoirs de ma ville. Elle sait que Jim ne connaît à peu près rien de cette histoire, tant même évoquer son nom, les premières années, m'était douloureux. Elle sait tout. Ce que j'ai dit sur moi, ce que je n'ai pas dit. Elle sait ce qui n'a pas guéri. »
Lu dans le cadre de La recrue du mois
Tu me donnes envie de découvrir ce roman de Fanny Britt que je ne connais que par le biais de "Jane, le renard et moi". Vraiment.
RépondreSupprimerJe crois que ça pourrait te plaire. La comparaison va peut-être te sembler étrange, mais ce roman m'a fait penser à une meringue au citron ;) Doux, acidulé, un peu vintage. Que du bon, comme c'est souvent le cas avec Fanny Britt ! :)
SupprimerTrès jolie comparaison ! Ce billet me fait penser à autre chose : tu ne parles plus de tes sorties au théâtre ici ? Même si je n'y connais rien et que j'y vais rarement moi-même, j'aimais bien tes billets "Théâtre" :)
RépondreSupprimerJ'ai justement vu une nouvelle pièce de Fanny Britt cet automne, intitulée Cinq à sept. Ce fut une soirée magique ! Le temps me file entre les doigts ces jours-ci, mais j'espère vous reparler de théâtre en 2016 :)
SupprimerUne meringue au citron. C'est en plein ça.
RépondreSupprimerJe l'ai lu pour la Recrue du mois. Sans ça, je ne crois pas que je l'aurais lu. Au final, j'ai bien aimé. Ça m'a sortie de ma zone de confort!
Oui, on fait de belles découvertes avec La Recrue ! J'ai aimé ce que tu as dit sur le couple sain. C'est vrai que ça apporte une dimension très intéressante au roman. Merci pour ta visite :)
SupprimerJe ne sais pas; j'hésite encore...
RépondreSupprimerC'est peut-être la thématique sentimentale qui te fait hésiter ? Je crois que ce n'est pas ta tasse de thé. Cependant, il y a un hommage au quotidien qui rend cette histoire attachante. Dans une société où l'on vénère souvent le grandiose, ça fait du bien ! ;)
SupprimerIl est dans les livres que j'aimerais lire. J'ai entendu tellement de bons commentaires. Contente de lire ton billet! :)
RépondreSupprimerMerci Céline ! Je vous souhaite un très bon moment de lecture :)
SupprimerJ'avoue que ce n'est pas du tout mon genre de livres... Fanny Britt écrit sur des thèmes qui ne me parlent pas du tout. Alors je passe mon tour pour celui-là, par contre j'ai hâte de lire ton avis sur Nirliit! Il est sur ma liste de lectures d'hiver!
RépondreSupprimerSi les thèmes ne t'intéressent pas, inutile d'insister en effet ! Pour ma part, j'ai été séduite par sa maîtrise de la digression. On suit les pensées foisonnantes de Tessa et ça rend le texte grouillant de vie. Mais bon, le courant passe entre l'écriture de Fanny Britt et moi, ça aide ! :)
SupprimerAaaah...Nirliit ! C'est beau, c'est dur, c'est puissant ! J'ai été totalement happée par cette lecture. Mon billet est prévu pour février. On pourra s'en reparler. Mon petit doigt me dit qu'il est pour toi celui-là ;)
La libraire de chez TuliTu me l'avait gardé exprès (c'était le seul exemplaire déjà arrivé à Bruelles) mais je l'ai laissé de côté parce que j'avais déjà trop craqué. Ce n'est que partie remise !
RépondreSupprimerOh chouette ! Je te souhaite une bonne future lecture. J'aimerais bien visiter la librairie TuliTu un jour. Son équipe semble formidable :)
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