15 juillet 2013

Le coeur est un muscle involontaire

Auteur : Monique Proulx
Titre : Le coeur est un muscle involontaire
Éditeur : Boréal
Parution : 2002
Format : 399 pages

Résumé :

Avec son ami Zéno, Florence conçoit des sites web pour des artistes en mal de visibilité. Elle trouve les écrivains névrosés et prétentieux. Zéno, lui, ne jure que par les romans de Pierre Laliberté, un auteur ayant choisi de vivre dans l'ombre.

À l'intérieur d'un de ses livres, elle découvrira cette phrase : Le coeur est un muscle involontaire, qui coïncide parfaitement avec les dernières paroles prononcées par son père avant de mourir. Elle se lancera à la recherche de ce mystérieux individu, ne se doutant point que cette quête transformera à jamais sa vision de la littérature.

Ce que j'ai aimé :

-Réjean Ducharme a marqué le paysage littéraire québécois par son souffle de liberté, ses inventions langagières. Monique Proulx a voulu lui rendre hommage en créant le personnage de Pierre Laliberté, un homme qui écrit, retiré à la campagne. On retrouve aisément son imagination intuitive, qui, comme un muscle involontaire, palpite devant la beauté du monde, les grenouilles, les étoiles. Cet auteur insaisissable apprendra à Florence à éveiller sa curiosité et s'ouvrir à ce qui l'entoure.

-J'ai beaucoup aimé les moments en compagnie de ce personnage, ainsi que le portrait touchant du père de Florence, un être frêle et effacé, cultivant en secret le goût des mots. Dans son vieux secrétaire en bois, sa fille trouvera plusieurs petits « poèmes, des lettres, des commentaires, rien de bien spectaculaire ». Une écriture quotidienne, simple, qui rejoint la façon de faire de Pierre Laliberté, des « petits trucs écrits sur le coin de la table, entre une marche longue et la guérison d'un moteur d'Oldsmobile ».

-Seuls petits bémols : les nombreux termes informatiques datant d'un autre temps, ainsi que certaines longueurs dans ce chassé-croisé qui nous transporte jusqu'à New York. Il faut comprendre que ce roman a été écrit au début des années 2000, bien avant l'apparition des réseaux sociaux. Depuis, notre expérience web a bien évolué et certaines expressions m'ont chatouillé l'oreille. Toutefois, le texte reste très représentatif de son époque, marquée par les événements du 11 septembre.

-Monique Proulx possède un style vif et acidulé. À son contact, on ressent une énergie particulière, qui donne envie de gravir une montagne avec des escarpins rouges. Électrique, sensuelle, son écriture est habitée d'un élan fougueux. Séduite par son humour, il ne m'en fallait pas plus pour la suivre dans cette enquête trépidante, qui laisse une grande place aux livres et au désir d'écrire.

Extraits favoris :

« Quand il reporte les yeux sur moi, je constate que c'est la seule chose à retenir de lui, ce liquide, si particulier des yeux, si brun, si plaisant. Une mare en forêt, une retaille de velours mouillé, une sauce crémeuse au chocolat. »

« Je succombe toujours aux gens qui rient. Les gens qui rient m'introduisent dans leur tribu. Qu'est-ce qu'un rire après tout ? Une explosion d'enfance partagée. C'est dans le rire que l'humanité nivelle ses différences et efface ses rides. »

Lettre P pour le challenge ABC Babelio


4 commentaires:

  1. En parlant d'extrait favori, moi c'est celui-ci :

    "...qui donne envie de gravir une montagne avec des escarpins rouges"

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    1. Ah oui, c'est le petit bout où je me suis laissée aller :) Merci de ta charmante visite, Venise !

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  2. Une auteure que j'aime vraiment beaucoup et dont les mots sont un plaisir à lire.

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    1. C'est un plaisir que je partage avec toi, Suzanne.
      J'aimerais bien relire son roman Homme invisible à la fenêtre cette année, alors si tu es intéressée par une lecture commune, n'hésite pas à me faire signe :)

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