17 juillet 2013

Les pavés dans la mare

Auteur : Nicolas Delisle-L'Heureux
Titre : Les pavés dans la mare
Éditeur : Pleine Lune
Parution : 2013
Format : 302 pages

Résumé :

Jakob Labonté vit dans le quartier populaire de Saint-Henri, au sein d'une famille éclatée. Habité par un idéal de justice sociale, il se lie rapidement d'amitié avec un groupe de militants contestataires. Contrairement à son père, un ancien syndicaliste désabusé, il désire lutter contre la gentrification de son milieu, contre l'ordre établi, mais il se laissera emporter par des actions radicales et devra s'exiler en Abitibi pour tenter de faire la paix avec ses rêves.

Ce que j'ai aimé :

La région de l'Abitibi, avec ses grandes étendues de forêt, se dresse souvent comme un territoire mythique dans la littérature québécoise. À l'écart du monde, elle attire des marginaux, des utopistes. Il n'est donc pas étonnant que Jakob Labonté s'y retrouve. Près d'un lac, au milieu des bois, il devient le gardien informel d'une pourvoirie abandonnée; une image rappelant l'isolement du pionnier de la désobéissance civile, Henry David Thoreau. Cela donne lieu à de très beaux passages au rythme d'une nature rude et solitaire.

« J'avais envie que la nature dévore le voyou en moi; quelquefois, par jour de pluie et de grand vent, sans trop y croire, je passais des heures debout sur la grève, les bras en croix, la bouche ouverte pour laisser aux éléments la chance d'entrer en moi et de procéder à mon érosion. »

Ce roman introspectif dépeint la crise de confiance d'un jeune homme devant la société capitaliste actuelle. Subtilement, il porte aussi les traces de révolutions passées : le mouvement ouvrier incarné par les revendications syndicales de son père et l'esprit communautaire des hippies ayant fondé le camp du lac Sauvage, où Jakob trouve refuge. L'auteur, détenant une maîtrise en travail social, brosse avec précision la désillusion et les jeux de pouvoir qui peuvent exister au sein d'un groupe activiste. Avec affection, il rend également compte des moments d'amitié unissant cette joyeuse bande, rassemblée autour d'une même cause.

Le récit se moule aux humeurs changeantes de Jakob, à ses contradictions. J'ai aimé son regard tendre envers les autres, lui qui semble porter tout le fardeau du monde sur ses épaules. Par contre, l'écriture manque parfois d'unité au niveau du style, passant d'une langue soutenue à un registre plus courant. Cela ne m'a pas empêchée d'apprécier la douceur poétique, les touches d'humour et les valeurs de solidarité véhiculées par ce premier roman.

Extraits favoris :

« Ma mère est l'été dans ses averses, l'automne dans ses vents terribles, l'hiver dans ses blizzards, le printemps dans ses effondrements de terrain. L'année de ma mère ne dure que quatre jours. »

« J'ai tenté de me persuader que la mémère Turgeon allait mourir dans Saint-Henri. Elle était là, défiant en quelque sorte les lois du développement économique et les pressions du marché. »

Lu en duo avec Venise dans le cadre de La recrue du mois

2 commentaires:

  1. Ce livre attend déjà dans ma bibliothèque! Je n'étais pas certaine qu'il soit pour moi (c'était un cadeau), mais maintenant j'ai bien envie de l'essayer... :)

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    1. Ravie d'avoir de tes nouvelles, Amélie !
      Jakob est un voyou complexe, mais tout de même intéressant.
      J'espère que cette lecture te plaira :)

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