Le jardin de ton enfance

Auteur : Francine Noël
Titre : Le jardin de ton enfance
Éditeur : Leméac
Parution : 2012
Format : 139 pages

Résumé :

Francine Noël s'adresse à son petit-fils Émile, dans un doux roman calendaire. Berceuse des jours, du soleil et de la pluie. L'auteure souligne ses premiers pas, ses dessins d'animaux, la naissance de sa soeur Élise. Elle se met à hauteur de petit homme pour lui expliquer les événements de l'actualité, les jalons planétaires de son début de vie. Féministe et engagée, l'écrivaine nous ouvre son coeur de grand-mère pas ordinaire, dans un récit perlé de petits bonheurs.

Ce que j'ai aimé :

-En ouvrant ce livre, j'ai bien sûr pensé à mes grand-mères, qui vivaient sur la même rue, à quelques minutes l'une de l'autre. Mon prénom Marie-Jeanne provient de ces deux femmes, Marie-Claire et Réjeanne, avec qui j'ai passé beaucoup de temps, à observer leurs gestes, à humer leurs plats mijotant sur la cuisinière.

-Étrangement, j'ai apprécié ce roman, car il n'a pas répondu à mes attentes. Je croyais qu'il reflèterait l'image d'une grand-maman modèle, tarte au sucre et lunettes rondes. J'y ai découvert, avant tout, une écrivaine, une femme parfois indécise en amour, qui va au théâtre et participe à des manifs. En se confiant à son petit-fils, l'auteure nous livre un portrait très personnel. Elle se raconte, revisite son passé, examine son époque.

-Au fil des mois, cette oeuvre de mémoire nous rappelle les faits marquants des dernières années, entre 2004 et 2011 : l'ouragan Katrina, le séisme en Haïti, la guerre en Afghanistan. Avec des mots simples, elle lui explique le monde des grands, en vulgarisant le tout avec bienveillance. Le bouquin comprend aussi un glossaire amusant, pour lui enseigner la signification de certains mots, tel que classe moyenne, itinérant, joual vert et écrivain. Bref, Francine Noël a réussi un témoignage empli de bonté et d'émerveillement propre à l'enfance, tout en abordant des sujets cruciaux.

-En refermant ce roman, je ne peux m'empêcher de songer à cette filiation. Encore ce matin, j'ai fait un tour au jardin, pour cueillir des fruits dans le groseillier de ma grand-mère, que nous avons transplanté chez moi. Le même petit arbuste auprès duquel je jouais lorsque j'étais gamine, et qui par son réseau de racines, représente ce qui perdure à l'intérieur de moi, définitivement redevable à ce qu'elles m'ont appris.

Extraits favoris :

« Tu viens de naître. Dans une ville insulaire appelée Montréal. Je t'ai tenu dans mes bras un long moment. Tu es né complet, sans manque apparent, et tu étais désiré. »

« Je ne sais pas si, un jour, lisant ce journal, tu te reconnaîtras dans l'enfant que tu as été pour moi. Tu auras quinze ou vingt ans. Tu te demanderas peut-être où est la part de fiction dans ces lignes. Elle est mince, mais le point de vue est partial, il l'est toujours. Le mien est celui d'une Occidentale, née au Québec au milieu du siècle dernier. Et celui d'une grand-mère amoureuse. »

Lettre N pour le challenge ABC Babelio