Titre : Lettres portugaises
Éditeur : Gallimard
Parution : 1669
Format : 224 pages
Résumé :
Lettres portugaises constitue le premier roman épistolaire majeur de la littérature française. Publiées anonymement en 1669, ces cinq lettres furent considérées comme authentiques et attribuées à Mariana Alcoforado, une religieuse du couvent de Beja. Depuis, plusieurs spécialistes ont reconnu le comte de Guilleragues comme étant l'auteur officiel. Dans ces missives, Mariana s'adresse au marquis de Chamilly, son amant français venu combattre au Portugal. Construit autour du thème de la rupture, ce roman par lettres exprime avec sincérité la passion et les tourments du coeur.
Ce que j'ai aimé :
Ce que j'ai aimé :
Servies par une écriture sur le vif, ces lettres placent le lecteur in media res : une femme cloîtrée confie la douleur de son âme, après avoir été abandonnée par son bien-aimé. Passant de l'espoir à la désillusion, de la jalousie au pardon, la franciscaine divulgue les fluctuations de ses émotions, révèle ses idées contradictoires et ses hésitations. Si l'intrigue demeure simple, puisqu'un seul point de vue nous est présenté (les réponses de l'amant n'étant que suggérées), cette voix puissante se démarque par son lyrisme et sa franchise. Cet angle solitaire rend l'expression du sentiment amoureux encore plus intense et rapproché. Même si ce roman a été écrit au 17e siècle, il s'affranchit des règles d'or du classicisme.
Ces lettres ne possèdent pas la complexité d'œuvres ultérieures, mais elles annoncent la mode du roman épistolaire qui se répandra au 18e siècle. De plus, elle inspireront l'un des grands principes du roman sensible : l'immédiateté, l'émotion écrite comme elle est vécue afin de montrer son réalisme. La correspondance unilatérale des Lettres portugaises reste très exaltée par moments, mais elle offre aussi des passages introspectifs délicats : « Il me semble que je vous parle, quand je vous écris, et que vous m'êtes un peu plus présent ». J'ai bien aimé suivre l'évolution des sentiments de cette femme au fil de son courrier. Par ailleurs, j'ai apprécié la préface, car l'histoire entourant ce texte s'avère intéressante en elle-même.
Extrait favori :
« Considère, mon amour, jusqu'à quel excès tu as manqué de prévoyance. Ah ! malheureux ! tu as été trahi, et tu m'as trahie par des espérances trompeuses. Une passion sur laquelle tu avais fait tant de projets de plaisirs, ne te cause présentement qu'un mortel désespoir, qui ne peut être comparé qu'à la cruauté de l'absence qui le cause. »
Lu dans le cadre du Challenge amoureux
Voilà sans doute un roman pour les amoureux du genre épistolaire. Pour l'heure, je ne sais pas si cela correspond à ce que j'ai envie de lire mais je note tout de même l'intérêt littéraire de ce titre.
RépondreSupprimerCe n'est pas un coup de coeur, mais je l'ai trouvé formateur. En fait, la préface (70 pages) est plus longue que les lettres (30 pages). Son format est pratique pour étudier le genre épistolaire en classe. Par moments, j'ai trouvé le ton un peu trop exalté, mais je suis contente de l'avoir lu. C'est toujours bien pour la culture générale ;)
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