Titre : Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut
Éditeur : Livre de Poche
Parution : 1731
Format : 384 pages
Résumé :
À l'âge de 17 ans, Des Grieux, un étudiant de bonne famille, tombe follement amoureux de Manon Lescaut, envoyée au couvent par ses parents pour assagir ses envies de plaisir. Ils prennent la fuite vers Paris et vivent leur idylle en dehors des liens du mariage. Lorsque l'argent vient à manquer, Manon se donne à un riche financier afin de gagner quelques sous. Trahi par sa bien-aimée, Des Grieux est enlevé par les valets de son père et reprend goût à l'étude. Lors d'un exercice public soutenu en Sorbonne, Manon est présente et le reconquiert.
Chez Manon Lescaut, l'amour n'est jamais détaché du luxe. Afin de combler les attentes de sa maîtresse, Des Grieux se livre au jeu, collabore à des vols et soutire des sommes importantes à son brave ami Tiberge. Il se retrouve en prison à deux reprises. Puis, apprenant que Manon sera déportée en Louisiane, il s'engage comme volontaire sur le bateau. En Amérique, leurs sentiments peuvent s'épanouir, loin des intérêts financiers et de l'inconstance. Ils décident de s'épouser. Mais, apprenant que Manon est libre, le neveu du gouverneur la demande en mariage. Un paradis perdu !
Ce que j'ai aimé :
Chez Manon Lescaut, l'amour n'est jamais détaché du luxe. Afin de combler les attentes de sa maîtresse, Des Grieux se livre au jeu, collabore à des vols et soutire des sommes importantes à son brave ami Tiberge. Il se retrouve en prison à deux reprises. Puis, apprenant que Manon sera déportée en Louisiane, il s'engage comme volontaire sur le bateau. En Amérique, leurs sentiments peuvent s'épanouir, loin des intérêts financiers et de l'inconstance. Ils décident de s'épouser. Mais, apprenant que Manon est libre, le neveu du gouverneur la demande en mariage. Un paradis perdu !
Ce que j'ai aimé :
L'Histoire du chevalier Des Grieux et de Manon Lescaut, publiée par l'abbé Prévost dans le cadre des Mémoires et aventures d'un homme de qualité, est l'un des pivots de l'évolution du sentiment dans l'histoire littéraire du roman d'amour. Cette aventure mêle une vie condamnable à la tendresse du sentiment. Si Des Grieux s'adonne au jeu, au vol et aux mensonges, c'est uniquement par amour, afin d'offrir le confort matériel à sa bien-aimée. L'auteur ne cautionne pas cette attitude, selon laquelle le but amoureux justifie le crime, mais il ne substitue pas davantage la morale à l'affection.
Même si Des Grieux retrouve la vertu, le lecteur retient surtout ses transports amoureux, ses doux vertiges, l'érotisme suggéré et les fièvres d'une ardeur poussée à son paroxysme. Si les libertins sont finalement punis, il s'agit de la conséquence prévisible d'un amour devant composer avec les contraintes monétaires de la survie. Le ton de l'abbé Prévost ne se veut pas moralisateur. Les héros nous apparaissent aussi débauchés qu'ingénus. J'ai beaucoup apprécié cette ambiguïté, qui laisse le champ libre à la réflexion du lecteur.
Même si Des Grieux retrouve la vertu, le lecteur retient surtout ses transports amoureux, ses doux vertiges, l'érotisme suggéré et les fièvres d'une ardeur poussée à son paroxysme. Si les libertins sont finalement punis, il s'agit de la conséquence prévisible d'un amour devant composer avec les contraintes monétaires de la survie. Le ton de l'abbé Prévost ne se veut pas moralisateur. Les héros nous apparaissent aussi débauchés qu'ingénus. J'ai beaucoup apprécié cette ambiguïté, qui laisse le champ libre à la réflexion du lecteur.
Résolument moderne, ce roman pave le chemin entre la vertu et la sensibilité. Il a eu un impact majeur sur la littérature européenne, notamment en Angleterre où il lance la mode du sentimentalisme. L'abbé Prévost décrit autant les travers de la société que l'amour pur, oscillant entre réalisme et idéalisme. Grâce à un style sobre et une structure précise, le sentiment amoureux peut se déployer amplement. En somme, j'ai trouvé cette lecture étonnante pour son époque et riche de ses ambivalences, de ses coups de théâtre.
« Je vais perdre ma fortune et ma réputation pour toi, je le prévois bien ; je lis ma destinée dans tes beaux yeux ; mais de quelles pertes ne serai-je pas consolé par ton amour ! Les faveurs de la fortune ne me touchent point ; la gloire me paraît une fumée ; tous mes projets de vie ecclésiastique étaient de folles imaginations ; enfin tous les biens différents de ceux que j'espère avec toi sont des biens méprisables, puisqu'ils ne sauraient tenir un moment, dans mon coeur, contre un seul de tes regards. »
Lu dans le cadre du Challenge amoureux
Tiens, je ne savais pas du tout que Manon Lescaut était dans cette tonalité ! Je pensais que c'était un roman super prude, aha. Comme quoi, je m'étais bien trompée !
RépondreSupprimerHihi, moi aussi, je pensais ça ! Un livre écrit par un abbé, ça semble religieux. En fait, ça rejoint ta question sur l'homme et l'artiste. Prévost a fait son noviciat, mais son coeur était bouillant. Après avoir défroqué, sa vie a été marquée par l'exil, la prison et la ruine. En lisant ton billet, j'ai réfléchi au lien entre la vie de Prévost et les thèmes de son roman. Belle synchronicité :)
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