Le maître a de plus en plus d'humour

Auteur : Mo Yan
Titre : Le maître a de plus en plus d'humour
Éditeur : Points
Parution : 1999
Format : 128 pages

Résumé :

Employé modèle depuis 43 ans, le vieux maître Ding devait prendre sa retraite dans un mois. L'usine a déclaré faillite et il sera licencié avant l'heure. Aidé par son apprenti Lü Xiaohu, il trouvera une astuce originale pour subvenir à ses besoins. Mo Yan peint le portrait d'une Chine en mutation, où le capitalisme s'insère au sein d'une société communiste. D'une manière à la fois réaliste et chimérique, il décrit ces gens ingénieux contraints de s'adapter à la modernité.

Ce que j'ai aimé :

Dans quelques semaines, je m'envolerai pour les terres mythiques de la Chine. Oui, la Chine, je suis folle de joie ! C'est un rêve qui m'habite depuis mon enfance et j'ai eu envie de m'y préparer avec un court roman du nobelisé Mo Yan. Il s'agissait de ma première rencontre avec cet auteur chinois et j'ai été déstabilisée de prime abord : impression de perdre une certaine musicalité de la langue, manque de références culturelles. Cette constatation m'incitera assurément à me renseigner davantage sur l'histoire de la Chine avant mon départ. Néanmoins, j'ai été séduite par les éléments fantastiques et les touches d'humour qui pimentent le récit. Avec beaucoup de subtilité, Mo Yan livre une critique du néocapitalisme.

À côté des vélos, les voitures luxueuses ressemblent à des bêtes furieuses. L'hypocrisie du chef d'entreprise passe par le corps, avec sa main molle « comme si elle n'avait pas d'os ». On est près du conte populaire, qui dénonce par le carnavalesque et le rire. Par-delà ce portrait ironique, il se dégage une poésie onirique, une tendresse et du mystère. Les métaphores sont souvent liées à des animaux ou des paysages. On sent bien l'ancien et le moderne qui se rencontrent. Même si cette plaquette s'avère une bonne façon de s'initier à l'œuvre de Mo Yan, j'ai la sensation d'être restée sur ma faim en raison de la traduction et de la brièveté. Je serais donc curieuse de découvrir sa voix à travers un roman plus volumineux.

Lu en duo avec Karine, qui fera aussi un voyage en Chine bientôt. Si vous avez des titres ou des auteurs à me suggérer pour mieux connaître ce pays et sa littérature, n'hésitez pas à m'en faire part !

Extrait favori :

« Lao Ding le remercia plusieurs fois, puis prit lentement le chemin de son domicile en poussant son engin. De petites bouffées du doux vent d'avril venaient caresser son visage ; il sentait en lui-même à la fois un grand vide et une grande douceur, accompagnés de la vague sensation d'avoir la tête lourde et les pieds légers, comme s'il avait bu un vieil alcool. Tels des flocons de neige, la bourre de peuplier roulait sur la chaussée. »