Titre : Gens de Dublin
Éditeur : Pocket
Parution : 1914
Format : 256 pages
Résumé :
James Joyce a essuyé plusieurs refus avant de voir sa première œuvre publiée en 1914. Gens de Dublin était considéré comme obscène à l'époque, car il abordait des sujets épineux tels que la sexualité et l'anticléricalisme. Même si l'auteur a quitté son pays en 1904, ce recueil de nouvelles se présente comme une série de portraits de sa ville natale au début du XXe siècle. Les 15 textes suivent une progression qui s'articule autour de 4 périodes de l'existence : enfance, adolescence, maturité et vie publique. D'un réalisme sans fard, ces miniatures sont également reliées par le thème de la paralysie. Elles mettent en scène des êtres « proscrit[s] du festin de la vie » afin d'illustrer la stagnation de la société dublinoise. Entre désirs et désespoir, moments de grâce et désolation, Joyce dépeint la capitale irlandaise avec minutie, demeurant attentif aux modulations de la lumière, aux ondulations de la foule, au passage fugace d'une émotion sur un visage. Un souffle cristallin et aiguisé.
Ce que j'ai aimé :
Ce que j'ai aimé :
Je m'envolerai bientôt pour Dublin avec mon amoureux. Avant de partir, j'ai eu envie de découvrir cette ville à travers les yeux d'un écrivain. Grâce à James Joyce, j'ai pressenti les contours de Trinity College, du parc St Stephen's Green, de la rivière Liffey. Ainsi, lorsque j'arpenterai ces mêmes lieux, j'espère mieux discerner les traces du passé derrière la façade du présent. Première rencontre avec cet auteur mythique, je redoutais son abord impénétrable. Ce recueil s'est avéré une bonne introduction à l'œuvre de Joyce, car il est écrit dans un style simple et dépouillé. Il m'a aussi permis de me familiariser avec la mentalité irlandaise du siècle dernier. Certes, le tableau brossé par l'auteur n'est pas jovial : alcoolisme, chômage, rigidité des lois morales. Les protagonistes rêvent d'une vie meilleure, mais se résignent à suivre les conventions sociales. Par exemple, Éveline, « passive », renoncera à accompagner son amant en Argentine, puisque son devoir filial la retient en Irlande.
S'il se montre parfois mordant envers sa patrie, Joyce m'a semblé un fin observateur, qui sait également révéler les beautés cachées. Avec l'acuité d'un peintre naturaliste, il s'attarde aux détails d'une cretonne poussiéreuse, aux teintes de l'aube. C'est par les sens qu'il m'a rejointe, et pour cette raison, j'ai préféré les premières nouvelles du recueil. Celles où l'on perçoit son attachement, son éblouissement, où les épiphanies nous percutent de plein fouet. J'ai été impressionnée par sa manière d'entrer dans le mouvement en même temps que ses personnages. Par contre, d'autres récits manquaient de vigueur. Je ne sais si cela est dû à la traduction ou à l'absence de chutes, mais j'ai été déçue à quelques reprises par la conclusion des histoires. Malgré tout, je suis ravie d'avoir lu ce bouquin. Pour la découverte de Joyce et pour le mirage de Dublin !
Extrait favori :
« Le crépuscule d'août gris et tiède était descendu sur la ville et un air doux et tiède, comme un rappel de l'été, soufflait dans les rues. Les rues aux volets clos pour le repos du dimanche s'emplissaient d'une foule gaiement bigarrée. Pareilles à des perles éclairées du dedans, du haut de leurs longs poteaux, les lampes à arc illuminaient le tissu mouvant des humains qui, sans cesse changeant de forme et de couleur, envoyait dans l'air gris et tiède du soir une rumeur incessante, monotone. »
© Rose Maynard Barton |
James Joyce fait partie de ces auteurs qui font un peu peur... Ce recueil-ci a au moins l'avantage d'être court, contrairement à son fameux Ulysse!
RépondreSupprimerOui, c'est un auteur intimidant, mais ce recueil est vraiment accessible. Ah, son fameux Ulysse ! J'en rêve, j'en rêve, sauf que j'ai encore quelques croûtes à manger avant de m'y plonger ;)
SupprimerJe n'ai jamais eu le courage de m'attaquer à Joyce par j'ai en tête son Ulysse impressionnant... Mais "Gens de Dublin" semble être un bon moyen de l'aborder. D'autant que l'extrait que tu soulignes est plein de cette douceur poétique que j'aime retrouver dans mes lectures !
RépondreSupprimerOui, je crois que c'est une œuvre tout à fait indiquée pour s'infiltrer dans l'univers joycien. Un film a aussi été tiré de la dernière nouvelle. Joyce arrive à mélanger le passé et le présent dans un même instant. L'effet de nostalgie est réussi, mais je te conseille de ne pas le lire tout d'un trait, car c'est un peu lourd ;)
SupprimerBonjour ! je l'ai lu aussi en lien avec un séjour à Dublin ; juste à notre retour d'Irlande, cet été :-) Tous ces lieux évoqués... Je m'y croyais encore un peu !
RépondreSupprimerBonjour Fondant ! J'ai adoré lire tes billets sur l'Irlande. C'est vrai qu'il y a un aspect fragile et vacillant dans ces nouvelles. Et le fait de superposer la lecture aux lieux visités ajoute une dimension vraiment chouette. Je suis ravie de partager cette expérience avec toi :)
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