Titre : Bonheur d'occasion
Éditeur : Boréal
Parution : 1945
Format : 462 pages
Résumé :
En 1945, Gabrielle Roy fait son entrée dans le monde littéraire avec Bonheur d'occasion, un roman qui se déroule dans le quartier de Saint-Henri, à Montréal, durant la Deuxième Guerre mondiale. Elle s'éloigne de la veine régionaliste et place la ville en toile de fond, s'attardant au destin des membres de la famille Lacasse. Le père, Azarius, peine à conserver un emploi. La mère, Rose-Anna, tente de trouver un appartement adéquat pour ses nombreux enfants. La fille, Florentine, travaille au restaurant Quinze-Cents pour aider ses parents. Tous aspirent à une vie meilleure et à un lieu de paix.
Ce que j'ai aimé :
Ce que j'ai aimé :
Gabrielle Roy entre dans le quartier ouvrier de Saint-Henri comme une journaliste qui observe, sans préconception. Cela donne lieu à des descriptions détaillées et vivantes, gorgées de fraîcheur, qui sont servies par une extériorité salutaire et unique. L'atmosphère des petits commerces, des logis exigus, est décrite avec beaucoup de réalisme. Les mouvements de la foule, le ballet des tramways, les bourrasques de neige et les volutes de fumée s'accordent aux ambitions secrètes tapies au fond des êtres. Dans ce milieu frappé par la crise économique des années 30, l'enrôlement militaire reste une dernière planche de salut pour les chômeurs. D'autres, plus individualistes, à l'image des cargos fendant l'eau du fleuve, se découvrent un goût pour l'aventure. Les jeunes femmes rêvent de souliers vernis et d'un mari bien nanti. Seule Rose-Anna, mère de 11 enfants, véhicule les valeurs familiales du passé. L'écrivaine révèle, malgré un regard distancié, une fresque sociale contrastée.
Au-delà de cette collectivité, j'ai surtout apprécié les moments où Gabrielle Roy se faufilait dans la psychologie de ses personnages. Ce caractère intimiste, que l'auteure développera avec encore plus de nuances dans ses œuvres ultérieures, émergeait déjà. Entre les yeux mi-clos et les murmures de l'aube, elle recueille les euphories printanières et les tourbillons fugitifs, les tensions et les idéaux qui traversent leur esprit. J'ai préféré les scènes entre Jean Lévesque et Florentine Lacasse pour cette raison. Par contre, lorsque celle-ci ne cherche qu'à s'élever socialement et à accéder au monde de la bourgeoisie, par l'entremise du soldat Létourneau, j'ai été déçue par le fatalisme des événements, comme si une lampe s'éteignait. Tout de même, j'ai aimé retrouver la plume de Gabrielle Roy qui, loin d'être statique, se prolonge telle une gracile poussière d'étoile.
Au-delà de cette collectivité, j'ai surtout apprécié les moments où Gabrielle Roy se faufilait dans la psychologie de ses personnages. Ce caractère intimiste, que l'auteure développera avec encore plus de nuances dans ses œuvres ultérieures, émergeait déjà. Entre les yeux mi-clos et les murmures de l'aube, elle recueille les euphories printanières et les tourbillons fugitifs, les tensions et les idéaux qui traversent leur esprit. J'ai préféré les scènes entre Jean Lévesque et Florentine Lacasse pour cette raison. Par contre, lorsque celle-ci ne cherche qu'à s'élever socialement et à accéder au monde de la bourgeoisie, par l'entremise du soldat Létourneau, j'ai été déçue par le fatalisme des événements, comme si une lampe s'éteignait. Tout de même, j'ai aimé retrouver la plume de Gabrielle Roy qui, loin d'être statique, se prolonge telle une gracile poussière d'étoile.
Extrait favori :
« La fièvre du bazar montait en elle, une sorte d'énervement mêlé au sentiment confus qu'un jour, dans ce magasin grouillant, une halte se produirait et que sa vie y trouverait son but. Il ne lui arrivait pas de croire que son destin, elle pût le rencontrer ailleurs qu'ici, dans l'odeur violente du caramel, entre ces grandes glaces pendues au mur où se voyaient d'étroites bandes de papier gommé, annonçant le menu du jour, et au son bref, crépitant, du tiroir-caisse, qui était comme l'expression même de son attente exaspérée. Ici se résumait pour elle le caractère hâtif, agité et pauvre de toute sa vie passée dans Saint-Henri. »
© Miyuki Tanobe |
Lu dans le cadre de Québec en novembre et Québec-o-trésors
Il faudrait que je découvre la plume de Gabrielle Roy. Il y a tant d'auteurs québécois qu'il faudrait que je découvre !
RépondreSupprimerC'est doux à entendre ! Gabrielle Roy possède une plume magnifique. J'ai un faible pour ses récits brefs : Rue Deschambault, Ces enfants de ma vie. Ce sont des petits bijoux ! Bonne future découverte :)
SupprimerPas mon préféré de Gabrielle Roy, il faut dire que c'était une lecture obligatoire pour l'école! J'avoue même que je n'ai que survolé la fin... Alors que Ces Enfants de ma vie figure dans mes livres préférés à vie! Je garde aussi un excellent souvenir de Cet Été qui chantait, de La Route d'Altamont et de son autobiographie La Détresse et l'enchantement.
RépondreSupprimerJ'ai préféré aussi ses récits autobiographiques. On dirait que je me sentais plus près de l'auteure. Dans ce roman-ci, j'ai surtout aimé sa façon de dépeindre le mouvement et l'intimité de ses personnages. Mais, les visées matérielles de Florentine m'ont un peu agacée ! ;)
SupprimerBeau billet ma Topi. Il est vrai que ce premier roman ne fait pas l'unanimité et que l'écriture de dame Roy n'était pas, disons, aussi aboutie que ses autobiographies et ses autres romans mais , pour la petite histoire; c'est une lecture à découvrir.
RépondreSupprimerAh; un peu lu de dame Roy que j'ose te conseiller c'est : Alexandre Chenevert. ;-)
Merci pour ta suggestion, Suzanne ! Je la prends en note pour une future lecture. Malgré mes petits bémols, je suis ravie d'avoir lu ce roman, car il m'a permis de connaître un pan de notre histoire. Bonne fin de semaine :)
SupprimerComme j'ai aimé ce livre. Il fait partie de ceux qui me font quelque chose au coeur quand je revois la couverture.
RépondreSupprimerJe me souviens du magnifique billet que tu as écrit à son sujet. Merci Kidae d'avoir proposé ce roman pour le défi Québec-o-trésors :)
SupprimerJ'avais aimé, mais comme toi, je trouve quand même que c'est fataliste... on comprend pourquoi... mais ça plombe un peu. Mais quelle plume!
RépondreSupprimerOui, nos avis se rejoignent ! Une très belle écriture, toujours en mouvement comme une neige fine. Mais, il est parfois difficile de lire sur cette époque où la résignation prenait le pas sur l'espoir. Je prévois tout de même faire la visite de Tours Kaléidoscope dans Saint-Henri ;)
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