Auteur : Rosalie Lavoie
Titre : Choir
Éditeur : Leméac
Parution : 2015
Format : 160 pages
Résumé :
Dans son premier roman, Le sang du cerf, publié en 2012, Rosalie Lavoie explorait déjà la forte emprise d’un être sur un autre, alors qu’une violoniste était tuée par son amant. Avec Choir, son deuxième opus, l’auteure approfondit cette réflexion d’une manière encore plus personnelle. En un flottement constant entre le passé et le présent, elle lève le voile sur deux relations qui l’ont confinée au silence : un père incestueux lui imposant le secret et un bien-aimé l'attirant et la repoussant tour à tour.
Ce que j'ai aimé :
Titre : Choir
Éditeur : Leméac
Parution : 2015
Format : 160 pages
Résumé :
Dans son premier roman, Le sang du cerf, publié en 2012, Rosalie Lavoie explorait déjà la forte emprise d’un être sur un autre, alors qu’une violoniste était tuée par son amant. Avec Choir, son deuxième opus, l’auteure approfondit cette réflexion d’une manière encore plus personnelle. En un flottement constant entre le passé et le présent, elle lève le voile sur deux relations qui l’ont confinée au silence : un père incestueux lui imposant le secret et un bien-aimé l'attirant et la repoussant tour à tour.
Ce que j'ai aimé :
C’est par l’écriture que la narratrice retrouvera sa voix : « Il faudrait nous réapproprier le verbe, dans le geste de la souplesse, le geste d’une écoute si fine qu’enfin nous entendrons le bruissement de nos voix inqualifiables ». Entre rêve et lucidité, Rosalie investit les sensations détaillées de son existence, reconquiert son identité par morceaux. Tel un serpent laissant sa peau derrière lui, elle apprend à vivre en dehors du regard de l’autre. Elle revisite des souvenirs douloureux ou des instants de désir. Elle marche dans la ville, se fond dans la nature, tout en se questionnant sur le lien qu’elle entretient avec son corps. Ces sujets intimes auraient pu s’avérer hermétiques, mais le récit fragmenté, où la vérité semble à la fois dissimulée et dévoilée, permet au lecteur de s’insérer dans les interstices.
On ne peut qu’être remués par le mouvement de balancier entre sa fragilité, ses moments de doute, et son courage de regarder le mal en face, d’aller au bout de ses illusions. Rosalie Lavoie laisse tomber les masques, tout en préservant une certaine pudeur. Parfois, elle s’efface derrière les réminiscences de sa mémoire, comme si elle demeurait un témoin invisible : « Les souvenirs sont segmentés, coupés de ce qui les rattache à un avant ou un après, comme s’ils étaient un perpétuel présent, qui se rejoue sous différentes formes dans les replis de ma vie ». L’utilisation du temps présent pour décrire les événements passés nous place au centre de ce qui s’y déroule. On devient rapidement happés par ces phrases au souffle parfaitement maîtrisé. On se soude à cette intériorité comme aux confidences d’un être cher. Si vous aimez les livres poétiques et introspectifs, sans péripéties outre l’effet cathartique de puissantes émotions, vous apprécierez assurément cette quête existentielle d’une grande beauté.
Extrait favori :
« Nous aurions fait l'erreur de vouloir prolonger ce qui se doit de naître et de mourir dans un même temps, comme l'arbre foudroyé meurt dans le flamboiement. Je suis l'arbre et lui, la foudre : il ressurgira ailleurs, n'aura rien perdu de son éclat, tandis que je mettrai du temps à regénérer ce lieu où il a frappé et où, dans un effroyable craquement, je suis tombée comme on tombe brûlé. »
Extrait favori :
« Nous aurions fait l'erreur de vouloir prolonger ce qui se doit de naître et de mourir dans un même temps, comme l'arbre foudroyé meurt dans le flamboiement. Je suis l'arbre et lui, la foudre : il ressurgira ailleurs, n'aura rien perdu de son éclat, tandis que je mettrai du temps à regénérer ce lieu où il a frappé et où, dans un effroyable craquement, je suis tombée comme on tombe brûlé. »
Lu dans le cadre de La recrue du mois
Le sujet est particulièrement sombre... De prime abord, j'aurai plutôt été rebutée par cela mais je dois dire que les extraits que tu cites m'enchantent par contre totalement. La langue semble très poétique et j'aime ça !
RépondreSupprimerOui, le texte est très beau, ce qui rend le sujet plus facile à aborder. Il y a un jeu de filtres, un peu de biais, qui transforme le réel de manière intéressante !
SupprimerJe ne connais pas cette auteure mais je crois que je préférerais la découvrir avec son premier roman. L'inceste est un des rares sujets qui me font fuir...
RépondreSupprimerJe comprends que ce sujet ne convient pas à tout le monde. Ce n'est pas trop appuyé, par contre. Je te conseille son premier roman. Il m'avait beaucoup plu !
SupprimerAh oui, ça semble assez sombre... Mais le thème peut me plaire. Il faudrait que je fouine de ce côté!
RépondreSupprimerC'est un livre qui valse entre les moments sombres et lumineux. On n'en ressort pas avec une impression de lourdeur, car il y a une reconstruction qui se met en place. Si tu as envie de découvrir une parole de femme singulière, je te le recommande vivement !
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