31 octobre 2012

Le sang du cerf

Auteur : Rosalie Lavoie
Titre : Le sang du cerf
Éditeur : Leméac
Parution : 2012
Format : 118 pages

Résumé :

L'Halloween est à nos portes. Pour me mettre dans l'ambiance, j'ai lu Le sang du cerf, premier roman de Rosalie Lavoie. Dans ce huis clos macabre, le narrateur est un écrivain et un professeur de littérature à l'université. On le retrouve chez lui, au lendemain d'un meurtre qu'il a commis, tandis que le corps de sa victime gît à ses côtés.

Elle s'appelait Hannah. Violoniste de métier, elle avançait dans la vie comme un cerf apeuré. Le nom de cette femme réduite au silence résonne maintenant dans toute la pièce et revit pour la dernière fois sous la plume du tueur. Frissons garantis.

Ce que j'ai aimé :

-Ce roman est d'une violence incisive, d'une cruauté sans nom. Je ne le qualifierais pas de roman d'horreur, car l'approche est plutôt philosophique. L'auteure explore le côté prédateur de cet homme qui s'en prend à une personne plus faible de manière quasi instinctive, comme un animal attiré par une proie. C'est troublant, glacial, mais c'est aussi très bien écrit.

-L'écriture est superbement maîtrisée. Certaines parties sont racontées au "Vous" et permettent à un narrateur omniscient de décrire la scène d'un point de vue plus objectif. D'autres passages sont rédigés au "Tu", tandis que l'homme s'adresse à la dépouille. Plusieurs chapitres utilisent le "Je", lorsque le meurtrier couche ses pensées sur papier. Il s'agit d'un monologue intérieur, mais aussi d'une future oeuvre qu'il espère publier et qu'on tient finalement entre nos mains.

-Une ambiance glauque, irrespirable. À un moment, on réalise que le narrateur est dépassé par les événements et cela transpire dans le rythme devenant tout à coup agité. Rosalie Lavoie joue avec cet état fiévreux, entre rêve, hallucination et réalité. J'ai senti un malaise à quelques reprises d'être témoin de cette horrible histoire, mais j'ai été charmée par le style. Une nouvelle auteure à suivre.

Extraits favoris :

« Tu es froide et silencieuse, presque fabuleuse, femme verte des fonds marins à la voix emprisonnée dans la lourdeur des eaux. Il n'y a rien que ce flottement dans lequel tu te décomposes, grugée par le ciel, dévorée par la mer, attendant dans l'angoisse de disparaître, monstrueuse sirène qui a tenté par ton chant sonore et cruel de m'emporter dans cet enfer peuplé des cris pointus des condamnés, défigurés dans l'isolement. »

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