Auteur : Marc Séguin
Titre : Hollywood
Éditeur : Leméac
Parution : 2012
Format : 182 pages
Résumé :
La veille de Noël, un homme marche dans les rues de New York. Dans son visage, rien ne laisse présager que la femme qu'il aime a été touchée par une balle perdue quelques heures auparavant. Branka Svetidrva, sa lumière, sa planète au bedon rond, vient de s'éteindre. Elle portait dans son ventre leur petit garçon.
Trimballant sa bouteille d'alcool dans Brooklyn, l'homme échouera sur le divan d'un couple vivant en marge de la société, dans un vieux garage saturé de trouvailles et de rebuts.
L'histoire se déroule sur 24 heures. Mais, plusieurs retours en arrière forment des orbites célestes qui nous permettent d'en savoir plus sur le passé des personnages. Se greffe à cette tragédie, un astronaute russe, ami d'enfance du narrateur. Sur ce dernier, nous en saurons peu, sinon qu'il travaille pour une agence qui fait disparaître des traces informatiques. Nous nous rappellerons aussi qu'un jour, il fut amoureux.
Ce que j'ai aimé :
-Lecture déstabilisante, puisque le narrateur contrôle tout. Par fragments, il nous divulgue certaines informations et tisse tranquillement les liens entre les différents personnages. Cela m'a fait penser au film Babel, puisque c'est une histoire complexe, non linéaire, qui apporte une réflexion plus large sur notre monde : la guerre, la consommation à outrance, la foi, la violence.
-Scénario puissant, qui donne parfois froid dans le dos, mais qui nous éblouit par petits éclats d'un amour lumineux, vécu dans un instant très bref.
-Ce que j'ai le plus apprécié de ce livre, c'est qu'il m'a amenée à réfléchir. Il laisse la chance au lecteur de poursuivre lui-même son questionnement sur certains sujets. C'est un roman qui nous brasse. Par moments, j'ai été un peu déroutée par cette souffrance, cette douleur. Mais il m'a poussée à m'attarder à la nature d'un être humain, confronté à la guerre ou à des drames intenses. Un côté sombre de l'humanité, pourtant bien réel.
-Marc Séguin ne fait pas dans le conte de fées ou dans le rose bonbon. La palette de l'écrivain est plutôt sombre - rouge, noir, gris poussière - mais elle est forte de ses contrastes - le blanc de la neige, le rayonnement des souvenirs amoureux. Comme devant un tableau abstrait, on est porté à tirer nos propres conclusions. Même si ce roman m'a sortie de ma zone de confort par rapport à mes lectures habituelles, je suis bien contente de l'avoir lu, car l'auteur a beaucoup de talent. Une écriture percutante et brillante.
Extrait favori :
« -La tendresse, c'est comme l'alcool, m'avait dit Branka en se coupant une mèche de cheveux, le regard en biais et les yeux tournés vers le haut du miroir.
-Tu fais quoi là ? je lui avais demandé avant qu'elle ne finisse sa phrase.
-Je te parle de tendresse.
Elle m'avait regardé une demi-seconde dans la glace et s'était coupé une autre mèche, puis elle avait ajouté : Je me suis endormie avec ma gomme, c'est tout collé.
-T'étais soûle ?
-Non, heureuse. »
Merci pour ce beau commentaire. J'ai déjà lu le Foi du braconnier que j'avais adoré. Vote site complète bien le mien : http://www.litterature-quebecoise.com/index.html
RépondreSupprimerPaul-André Proulx
Merci pour vos bons mots, Paul-André. Je ne connaissais pas votre site, mais je sens que je vais y faire plusieurs découvertes :)
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