© Patrice Tremblay
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Réunis autour du thème de la convoitise, les créateurs de cette soirée visitent les insidieux chemins du désir et de l'envie, où des êtres en recherche d'affection sont confrontés à leur appétit sans fin.
Martin Vaillancourt ouvre le bal avec Le premier de la première, un texte signé Paul Bradley, mettant en lumière le rapport de force entre un acteur et son public. Il nous raconte cette fois où il s'est abstenu d'applaudir, créant un malaise grandissant lors d'une première de spectacle. Habilement, il nous fait ressentir sa hantise d'avoir trahi ses pairs, sachant le besoin d'approbation de ses amis comédiens. Emporté par son obsession, il nous demande de faire de même à la fin de sa prestation - soit de le laisser quitter la scène en silence -, nous plaçant dans une situation ambivalente qui expose toute la puissance de cet effet miroir.
Dans La force de courir après toi, la comédienne Catherine Dumas, véritable bombe d'énergie, interprète la vision de Simon Boulerice. Bien décidée à vaincre une horde de mannequins russes courant en talons hauts, la jeune amoureuse atteint le fil d'arrivée, exténuée, enragée. Elle repense à l'objet de ses soupirs, l'homme pour qui elle aurait sacrifié son mollet afin de gagner de la « guenille » haute couture ; l'homme qui a choisi une fille plus blonde, plus glamour.
© Patrice Tremblay |
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L'ensemble des contes démontre une belle unité, malgré la diversité des problématiques soulevées. La transition entre les histoires est rendue fluide grâce à un brillant jeu d'éclairage. Celui-ci enveloppe les comédiens, créant une bulle de chaleur dans le vaste espace. Les Laissés Pour Contes nous fait vivre un moment hors du temps, où la relation entre les conteurs et le public reste palpable, et où les réflexions demeurent nécessaires. Vivement la prochaine édition !
Les Laissés Pour Contes, mise en scène de Pierre Chamberland. Aux Ateliers Jean-Brillant jusqu'au 26 janvier 2014.
Superbe critique!
RépondreSupprimerMerci Lucie ! :)
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