24 novembre 2014

Forêt contraire

Auteur : Hélène Frédérick
Titre : Forêt contraire
Éditeur : Verticales
Parution : 2014
Format : 164 pages

Résumé :

Une femme quitte Paris pour s'installer dans un chalet isolé de la forêt d'Inverness, au Centre-du-Québec. Elle fuit ses dettes, son identité, jusqu'à perdre son propre nom. Au milieu de livres, de feuilles et de carnets, elle se remémore sa rencontre avec un militant d'extrême-gauche, un homme âgé nommé Lukas Bauer. Ce retour à la nature provoque une bourrasque intérieure, où se confrontent sa solitude et les visages d'un temps révolu. Brûlant !

Ce que j'ai aimé :

Ce deuxième roman d'Hélène Frédérick se démarque par son style impétueux et écorché. Les phrases semblent chercher leur souffle, ce qui nous projette à mille lieues d'une retraite paisible dans les bois. Cette Forêt contraire renverse le mythe de l'ermite, chaste et modéré, en y opposant les réflexions effrenées et l'érotisme d'une femme contestataire, enchaînant cigarettes et vin rouge. J'ai aimé fleurer la sensualité enflammée qui émane du texte, qui se déploie à l'abri des regards, qui embrase la noirceur des feuillages. Sa peau nue se frôle à la rudesse de l'écorce et aux épines de ses souvenirs : les gens qu'elle a laissés derrière, son identité citadine.

Le récit se déroule surtout la nuit, lieu idéal pour faire naître une atmosphère secrète et dense, où des ombres furtives, se mouvant dans l'obscurité, rappellent les spectres du passé. L'auteure aborde aussi le thème du double, alors que la narratrice se prête à un jeu de masques avec son voisin, un ex-comédien. D'ailleurs, cet écrit reste traversé par plusieurs dualités : ruine/construction, passé/présent, civilisation/sauvagerie, suavité/rudesse. Ce roman, tout en ambiance, fait preuve d'une grande maîtrise littéraire et parvient à rejoindre directement le lecteur par son intensité. Je remercie mon amie Lucie de m'avoir fait découvrir cette écrivaine !

Extrait favori :

« Mes doigts te caressent, maison contraire, pour mesurer à quel degré d'abandon, toi et moi, on en est. Une poignée d'années sans personne et ton bois s'effrite déjà. Parce que la ville est loin, et puis sous l'effet de l'herbe et du vin j'ai l'envie folle d'explorer tous les creux qui t'entourent et t'habitent. Je ne suis pas venue dans la forêt d'Inverness pour trouver le repos, je suis venue là pour qu'elle m'épuise. »

2 commentaires:

  1. Mais oui, la solitude peut être pleine de sensualité, d'animalité ! Je ne connaissais pas cette auteure mais je la note dans un petit coin.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Hélène Frédérick est originaire du Québec, mais elle habite en France depuis quelques années, donc tu devrais facilement le trouver par chez toi. Oui, l'animalité, c'est tout à fait ça ! :)

      Supprimer