22 mars 2015

L'école des chiens

Auteur : Daniel Guénette
Titre : L'école des chiens
Éditeur : Triptyque
Parution : 2015
Format : 268 pages

Résumé :

Dans ce très beau récit, un homme apprivoise doucement le deuil de son chien. À la manière de Rousseau, Daniel Guénette nous invite à le suivre dans ses promenades, dans les méandres de ses souvenirs, où l'évocation de l'ami fidèle nous servira de guide. L'école des chiens inverse les rôles, puisque le maître n'est pas celui que l'on croit. Le chien Max adopte la position du sage, enseignant à son propriétaire les « vertus de la solitude » et les joies de « l'enfance retrouvée ». Réflexion philosophique, lenteur et grande tendresse.

Ce que j'ai aimé :

Un jour, en me baladant à la campagne, j'ai croisé un chien couché sur la véranda d'une vieille maison. J'étais seule sur mon vélo, je me suis arrêtée, tout était calme. Il a relevé sa tête d'une noble élégance et son regard paisible m'a traversée. Ce chien semblait détenir une vérité qui d'ordinaire m'échappait, mais qui me fut rendu sensible par cette rencontre. Le récit de Daniel Guénette a rappelé ce moment à ma mémoire, fait compréhensible vu que ses mots sondent le processus de la réminiscence et de l'introspection.

Par petites touches, l'auteur évoque le quotidien en compagnie de son dolce. Des sensations, des images, des fils qui parviennent à tisser une toile non pas superficielle, mais gagnant en profondeur à mesure que l'on avance dans notre lecture. Cette bête, qui lui a ouvert une porte vers les autres et vers lui-même, on ne peut que s'en éprendre. Cette sympathie nous permet d'appréhender des thèmes plus graves comme la mort ou la maladie. Comme chez Rousseau, le lecteur a l'impression d'être près d'une parole sincère qui invite à la contemplation et au cheminement intérieur. À une époque où le cynisme et la vitesse règnent, l'errance dans ces paysage intimes réconforte, tout en évitant l'écueil de la mièvrerie.

Des concepts abstraits s'incarnent dans la représentation physique de Max et dans sa relation avec l'humain. Des émotions qui nous dépassent, qui touchent à l'universel. Parfois, c'est tout simple : le corps souple comme « un feu de foyer », les poils soyeux derrière l'oreille. Malgré l'aspect autobiographique de l'œuvre, on peut s'y reconnaître. D'ailleurs, le deuil de son complice se fera l'écho du décès de sa mère, un sujet que l'écrivain traite en contrepoint. Ce récit se lit comme un hommage à l'animal domestique, mais plus encore, à tous les liens affectifs qui ponctuent une vie. Une vie pleine de ces détails, de ces instants de fraternité et de félicité, qui trouvent un prolongement infini dans nos pensées et nos rêveries.

Extrait favori :

Mon compagnon ressemblait à un feu de foyer. Lorsqu'il se couchait près de nous, la soufflerie de sa poitrine qui montait et descendait, la forme même de son corps se dessinant sur le parquet, la vie tranquille de l'animal au repos, tout en lui me transmettait ce sentiment de paix que procurent, par une belle et froide soirée d'hiver, les bûches enflammées, leur braise rougie, chaleureuse, dans le foyer de pierres. Tant de silence me ravissait.

2 commentaires:

  1. Voici un livre qui me tente énormément. Il semble parfois si difficile de ralentir et de laisser leur place dans nos vies a la douceur et la tendresse. J'ai désormais des chats, mais ai connu beaucoup de chiens. Merci Topi pour cette belle découverte. :-)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh oui, je crois qu'il te plairait ! C'est un livre qui respire un bien-être serein, comme lorsqu'on revient d'une longue marche. Bonne journée Marion :)

      Supprimer