7 mai 2012

Incidences

Auteur : Philippe Djian
Titre : Incidences
Éditeur : Gallimard
Parution : 2010
Format : 244 pages

Résumé :

Marc, un professeur de création littéraire à l'université, a l'habitude de batifoler avec des jeunes étudiantes. Jusqu'à ce qu'il invite une de ses conquêtes à la maison et la retrouve sans vie le lendemain matin. Il tente de se tirer d'affaire en dissimulant le corps dans une grotte profonde. Mais, lorsque la belle-mère de la jeune fille se présente au lycée pour l'interroger, une chose incroyable se produit. Pour la première fois de sa vie, il tombe sous le charme d'une femme mûre.

Ce que j'ai aimé : 

-L'écriture de Philippe Djian, fortement influencée par la littérature américaine, ne manque pas de style et de rythme. J'ai aimé l'intrigue, les rebondissements insoupçonnés, le scénario bien fiselé, la fin surprenante. Avec toutes les tuiles qui lui tombe sur la tête, on se demande bien comment le personnage principal va se sortir de l'embarras.

-J'ai été surprise par l'ambiance glauque et étouffante qui s'installe subtilement. Marc vit isolé au fond des bois avec sa soeur, une femme fragile et contrôlante. Ensemble, ils ont vécus des traumatismes abusifs dans l'enfance. Une relation particulière qui semble éloigner toutes les filles qui ont comme projet de s'installer dans la vie de Marc.

-C'est un roman rempli de non-dits, de sous-entendus. Servi à la sauce freudienne, psychanalytique. Une histoire où le désir prend le dessus et devient une sorte d'échappatoire.

-Les personnages ont plusieurs facettes. Marc est un homme résiliant, cynique et nonchalant. Mais, il est également obsessif et craintif comme un petit enfant. Ce livre oscille entre le chaud et le froid, entre la distance et le rapprochement, entre l'amour et le désenchantement. Je vous le recommande si vous aimez le suspense et les situations un peu tordues.

Extraits favoris : 

« Il leva les yeux vers le halo presque éblouissant qui poudroyait dans l'obscurité silencieuse, et finalement se prit à sourire. Il se sentait mieux. Impossible d'expliquer en quoi cette pratique bizarre qu'il avait adoptée le revigorait, en quoi se réfugier un moment dans les entrailles du sol semblait lui redonner vie - une vie encore meilleure, débarrassée de ses nuages, prête à s'élancer, avec confiance et détermination, plus résistante que jamais. Impossible de savoir comment le charme opérait - car il s'agissait bien d'un charme, d'une sorte de drogue magique et mystérieuse qu'il s'administrait en trouvant refuge à l'abri de cette paroi humide et sombre, puissante, broussailleuse, moussue, hérissée comme le gosier d'un monstre. »

« Les bas-côtés étaient blancs, les sous-bois d'un noir d'encre. Il roulait au milieu de la chaussée, mâchoires serrées, à cheval sur la ligne blanche qui se tordait sous ses yeux comme un serpent affamé dans la lune rousse. »

« Il s'assit près d'elle et lui massa les pieds. Il se sentait en grande partie persuadé qu'il ne fallait rien changer à tout ça, qu'ils avaient miraculeusement réussi à atteindre une sorte d'équilibre - mais quel équilibre, quel monstrueux équilibre. Tant de fragilité sidérait. Tant de faiblesse déconcertait. Rares étaient ceux qui avaient parié que le frère et la soeur parviendraient à reprendre pied, un jour. Et qu'ils en fussent là où ils en étaient aujourd'hui, si l'on mesurait le chemin parcouru, forçait le respect de ceux qui connaissaient l'histoire. » 

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