12 octobre 2012

Autoportrait au revolver

Auteur : Marie Christine Bernard
Titre : Autoportrait au revolver
Éditeur : Hurtubise
Parution : 2012
Format : 217 pages

Résumé :

Comment perçoit-on le monde quand on y passe inaperçu ? Pour Jude, ce monde est musique, couleurs, lumière. Malgré sa maladie mentale, il peint des toiles, seul dans son appartement, et ressent toute la richesse des concertos de Bach.

Comment affronter le monde lorsqu'on est très visible, lorsqu'on est obèse ? Pour Angélique, le monde est amour, câlins, dévouement. En serrant les gens dans ses bras, elle tente d'apporter un peu de bonheur aux personnes âgées qui habitent la résidence où elle travaille.

Leurs visions du monde, où l'espoir loge en catimini, parviendront-elles à se rejoindre ? Pour cela, il faudra éloigner le mal et les loups qui rôdent.

Ce que j'ai aimé :

-C'est un livre que j'ai dévoré. Une écriture qui glisse sous les yeux, malgré les thèmes difficiles abordés. Les personnages principaux sont des êtres différents, marginalisés. Elle, Angélique, par son apparence extérieure, car elle a un surplus de poid. Lui, Jude, par son univers intérieur, car il souffre de schizophrénie. On sent, à travers la narration, que l'auteure enveloppe ses personnages d'un amour maternel. C'est ce qui rend la lecture agréable, un sentiment protecteur et bienfaisant, qui s'incarne aussi chez Joseph, le concierge de la résidence.

-Plusieurs sujets m'ont touchée dans ce roman. On y parle de transmission, de l'héritage émotif que l'on reçoit des gens qui nous précèdent. Ce lien précieux entre le parent et l'enfant qui peut parfois laisser des blessures profondes. On voit comment les évènements de la petite enfance ont une influence sur la vie présente. Comme cette Angélique au grand coeur, rejetée par sa mère, qui serait prête à tout pour être aimée et désirée.

-La maladie mentale est un sujet qui me fascine, car il effleure la mystérieuse fragilité de l'être humain. Comme le démontre l'auteure, il est possible de vivre avec la schizophrénie, mais c'est un défi quotidien. J'ai apprécié qu'elle ait fait ressortir la beauté de Jude, sa sensibilité et son grand talent pour la peinture. Un aspect lumineux qui jaillit dans la noirceur.

-Au niveau de la forme, j'ai bien aimé apprendre les liens entre les personnages au cours de la lecture. La narration qui change de voix, passant d'un point de vue extérieur à un point de vue interne. Et la force de l'écrivaine pour créer des personnages nuancés et très humains.

Lire l'avis de : Venise

Extraits favoris : 

« Vous êtes la réalité. Pas moi.
Vous marchez dans un monde qui a ses lois. Le mien a les siennes que vous ne saisissez pas, pas plus que je ne saisis les vôtres. [...]
Tout est à sa place et ne devrait pas être dérangé.
Vous dérangez l'ordre. Vous déplacez les choses.
Vous ne savez pas calculer correctement.
Ce n'est pas facile, pas facile de traverser votre monde. Et pourtant, je dois le faire tous les jours. Tous les jours.
Je suis le Gardien. L'élu. Je n'ai pas le choix. »

« Hériter des mensonges, hériter de la folie. Hériter des cheveux, de la taille, des beaux yeux. Hériter des peurs et des effronteries. Hériter du regard sur le monde et sur soi. Hériter des erreurs. Hériter des bienfaits. Hériter du silence et de la partition. Hériter du vide, hériter du plein. Hériter d'une histoire qui ne fut pas la sienne. Hériter des prisons intérieures et des troubles du coeur. Hériter de l'exil. »

4 commentaires:

  1. J'aime lire cette auteure qui a une plume de talent. J'attends impatiemment de lire ce dernier roman.

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  2. Oh oui, elle écrit bien ! C'est mon premier de cette auteure, mais je l'ai lu d'un trait, tellement c'est fluide. J'ai bien hâte de lire ton billet sur celui-ci, car tu parles tellement bien de ses oeuvres sur ton blog. Je crois que je vais continuer la découverte avec Mademoiselle Personne :)

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  3. Je m'apprête à commenter ce roman, Topinambulle, et je m'apprête également à te rajouter à mes blogues favoris :-)

    J'ai lu tous les romans "adulte" de cette auteure, c'est celui que j'ai le moins aimé. C'est pour dire. D'après moi, tu vas retirer un grand plaisir à la lire.

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  4. J'ai bien aimé celui-ci, alors ça promet pour ses autres romans.

    Merci de ta belle visite, chère Venise.

    Je cours lire ton avis :)

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