7 juillet 2013

L'écrivain public

Auteur : Pierre Yergeau
Titre : L'écrivain public
Éditeur : L'instant même
Parution : 1996
Format : 249 pages

Résumé :

Dans ce récit initiatique, Pierre Yergeau nous convie à la rencontre de sa région natale, l'Abitibi.

Au tournant des années 30, le petit Jérémie Hanse, fils d'un trapéziste, arrive à Senneterre, lors de la tournée d'un cirque ambulant. Suite à la mort de son père, il s'établit avec sa famille dans un camp de bûcherons. Avec son frère Georges, il explore la forêt, observe les draveurs. Puis, à l'adolescence, il quitte le chantier pour travailler aux archives de l'évêché d'Amos.

Jérémie restera nomade malgré lui, suivant les lubies de son supérieur, l'abbé Gosselin. Ensemble, ils vendront des indulgences, de village en village, à bord d'un canot. Au printemps, ils poseront leurs valises à Nanibush, une île où se côtoient bordels et tavernes. Teinté d'un réalisme magique, ce roman est le premier volet de la trilogie de Pierre Yergeau dédiée à « l'Abitibi des commencements ».

Ce que j'ai aimé :

-Ce roman nous transporte dans l'Abitibi des années 30, une période où la région se développe par des plans de colonisation chapeautés par l'Église. L'histoire a un fond de réalisme, mais elle s'entoure de fabuleux. Dans la première partie du récit, l'univers du cirque prédomine. Jérémie Hanse, le personnage principal, grandit dans une troupe de saltimbanques. Il côtoie une femme sirène, des clowns, des acrobates.

-Lors de son départ pour le chantier forestier, il garde cette magie dans les yeux. Son frère entreprend des sauts périlleux dans les sapins, sa petite soeur Mie dort dans les chaudrons et sa grand-mère est conservée dans un bloc de glace. J'ai beaucoup apprécié cet aspect fantaisiste, ainsi que les descriptions de la nature, foisonnante de gibier et de rivières.

-Par contre, les actions de Jérémie se doublent d'une lourde introspection psychologique, rendant le texte aride par moments. L'auteur utilise de très jolis mots, mais le tout m'a paru un peu forcé et distant. Lorsque Jérémie entre au couvent, l'ambiance gagne en rigidité et en tristesse. J'ai eu un certain malaise devant la soumission du jeune homme à son supérieur, devant cette suite de deuils et de départs.

-Heureusement, la troisième partie retrouve une atmosphère intéressante, lors de l'arrivée de Jérémie sur l'île de Nanibush. Mon avis est donc plutôt partagé, car j'ai aimé l'originalité de l'histoire, sans accrocher à cette analyse pointue des états d'âme.

Extraits favoris :

« Le paysage développait sa propre mélodie. Le bruissement intime et ascétique des pinèdes, posées contre un ciel plat. Une musique de feuilles mouillées et d'émiettement, de poils de bête qui se frottent, d'arbres noirs qui grouillent doucement. »

« Ses cheveux étaient d'un roux indéfinissable. Une couleur d'automne et de conte de fée, où la pureté n'est d'aucun secours. Une teinte de feuille séchée. Le pigment végétal de la désolation, du retrait. »


Lettre Y pour le challenge ABC Babelio


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