29 janvier 2015

Le roman sentimental

© John William Waterhouse
De la peinture d'amour initiée par les romans grecs, nous passons maintenant au roman d'amour courtois du Moyen Âge. Pour effectuer ce voyage dans la tradition médiévale, j'ai pris connaissance du texte critique Le roman sentimental.

Source bibliographique :

Stanesco, Michel et Michel Zink, Histoire européenne du roman médiéval. Esquisses et perspectives, Paris, PUF, 1992, p. 99-105.


Quelques romans médiévaux :

-Écrit vers 1150 par un poète de Touraine, Le conte de Floire et Blanchefleur est un roman composé en vers, racontant l'amour juvénile entre Floire, fils d'un roi sarrasin, et Blanchefleur, une esclave chrétienne. Les protagonistes sont mis à l'épreuve par une longue série d'obstacles, de séparations et de malheurs. Des insertions lyriques marquent les épisodes plus dramatiques.

-Écrit au début du XIIIe siècle, Aucassin et Nicolette est une chantefable, alternant la prose et les vers chantés. Elle raconte une histoire basée sur les mêmes poncifs que la précédente, mais sur un mode moins dramatique. Amours contrariés, enlèvements, évasions, séparations, naufrages, déguisements et retrouvailles se succèdent, mais sur un ton légèrement ironique et plein de grâce.

-Amadas et Ydoine (début du XIIIe siècle) est l'histoire d'une passion amoureuse qui frôle la folie et la mort. Tour à tour, les amants tombent malades. Amadas s'évanouit et rend presque l'âme en s'éprenant d'Ydoine. Sa bien-aimée feint un malaise pour s'échapper d'un mariage forcé. Après avoir livré un dur combat, Amadas apprend que sa belle n'est pas morte et l'épouse.

-Au XIVe siècle, Boccace donne une nouvelle impulsion au roman sentimental avec son Filocolo (1339), dont la trame n'est nulle autre que l'histoire de Floire et Blanchefleur. Son récit emprunte aux versions populaires qui circulaient en Italie du Nord. Toutefois, il transpose l'histoire dans un milieu hautement raffiné, résultant en une surcharge rhétorique qui ralentit le mouvement narratif.

Quelques caractéristiques :

-Le roman de tradition médiévale est un genre « galant », qui exige la connaissance du coeur ; celle-ci ne s'acquiert que par des malheurs et des voyages.

-Le roman sentimental présente des « martyrs » de la fidélité amoureuse, mus par un amour infini et par un détachement total des réalités quotidiennes. Les notes réalistes ne font que mettre en évidence la déraison de l'amour qui anime les protagonistes.

-Le héros apparaît souvent comme un être lâche. C'est plutôt la femme qui a l'initiative dans les moments cruciaux de l'existence ou qui assume le rôle dominant dans le couple.

-L'action se passe dans des pays lointains et dans un temps narratif qui n'altère ni la jeunesse ni les sentiments des amants.

-Amours et malheurs, séparations et changements de fortune se relaient sous le signe de l'imprévu, du prodige inexplicable et des caprices du hasard.

Autres titres :

-Le roman de Tristan de Béroul (entre 1150 et 1190)
-Paris et Vienne de Pierre de La Cépède (1432)
-Pierre de Provence et la belle Maguelonne (1453)

© Edmund Blair Leighton

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