Auteur : Suzanne Jacob
Titre : Un dé en bois de chêne
Éditeur : Boréal
Parution : 2010
Format : 171 pages
Résumé :
Hier, j'ai fait un rêve étrange. Au dehors, l'orage, le tonnerre, la pluie qui frappe sur les fenêtres. Puis, une femme sans visage, vêtue d'une grande robe noire. Dans ses mains, un livre, une offrande, un recueil. 14 nouvelles oniriques, insaisissables, bouleversantes.
Ce que j'ai aimé :
-Une écriture sombre et dense, comme un puits où on ne perçoit pas clairement le fond et qui nous renvoie l'écho d'une voix mystique. Ces histoires touchent à nos perceptions sensibles, à notre subconscient. Elles nous sont étrangères et familières à la fois. Très fortes et chargées émotivement.
-Évocatrices, ces nouvelles sont parfois comme un appel, un cri qui refuse de se taire. Elles ne sont pas là dans le seul but de plaire, mais pour dire et être au monde, sans censure ni entrave. Comme si elles venaient d'une source énigmatique, ces prophéties m'ont hypnotisée. Une ensorce-lecture. Une oeuvre théâtrale, sentie, poétique, avec un sens du rythme magnifique.
-Un ami m'a dit un jour : « Lorsque l'inspiration vient, tu dois la prendre comme elle est. Elle est un mystère. » C'est exactement ce que j'ai ressenti à la lecture de ce recueil. Il n'est pas nécessaire de tout comprendre.
Extraits favoris :
« Quand la neige brillante est devenue bleue, la vie est entrée réchauffer ses paumes dans les plumes de mon traîneau. La vie, cet amour, le monde, parlait une langue nouvelle qui avait toujours été mon désir sans que je l'aie su. Je désirais plus que tout parler cette langue faite de sons si patients que n'importe qui aurait voulu l'apprendre. Dans le rêve, je me suis mise à pleurer. L'eau salée des larmes reformait mon corps, reformait mes gestes et ma voix. Le rêve ne finissait pas. Le chant filait alors à toute allure dans mes membres réchauffés, le chant, ma langue, la langue patiente et le monde, amour, la vie, le monde. »
« Dans le Ténéré, il y a un acacia de trois mètres de haut qui va chercher l'eau dans une nappe à douze mètres de profondeur. C'est le seul arbre à des kilomètres à la ronde. Il a gagné la bataille de l'eau, bataille dont le bruit n'a jamais atteint les tympans de l'homme. »
« Les artistes sont peut-être tous des médiums qui font surgir les images les plus enfouies, les plus défigurées, méconnaissables et inconnaissables. C'est peut-être la tâche des artistes de nous en libérer à notre insu. »
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