20 août 2013

La route des petits matins

Auteur : Gilles Jobidon
Titre : La route des petits matins
Éditeur : VLB
Parution : 2003
Format : 144 pages

Résumé :

La route des petits matins de Gilles Jobidon raconte le destin d'un jeune réfugié vietnamien suite à la chute de Saïgon en 1975.

Petit Tonnerre a douze ans et prolonge ses journées avec maître Wou qui lui apprend le secret des thés en fleurs. Le temps s'écoule au rythme des proverbes anciens. Puis, à l'adolescence, il travaille au marché où il vend des prunes bleues. Mais rapidement, les choses changent. Saïgon devient Hô-Chi-Minh-Ville.

Plusieurs parents ont déjà quitté le pays. Petit Tonnerre rêve de cette même liberté. Nous suivrons son voyage sur les mers et son séjour dans un camp thaïlandais. Malgré le smog et les difficultés, nous verrons poindre un sourire sur une parcelle de ciel bleu.

Ce que j'ai aimé :

-Il y a des livres comme celui-ci qui s'abreuvent au vent, au soleil, au bruissement des insectes. J'ai beaucoup aimé cette lecture, mais il m'a fallu m'adapter à son style particulier. Écrit comme une longue lettre au « tu », le narrateur s'adresse au jeune réfugié dans une prose poétique truffée de virgules. J'ai débuté le récit entre quatre murs et promptement, j'ai senti qu'il m'appelait au dehors. Là, au milieu du parc, le texte a pu déployer ses ailes.

-Au lieu d'appuyer sur les virgules, je les ai laissées filer, glisser comme sur une eau invisible, sans attaches, sans action autre que le remous des mots. Les phrases devenaient légères, à vol d'oiseau, instaurant une cadence mélodieuse et calmante. Il y avait bien, ici et là, quelques proverbes un peu plaqués, une impression par moments que l'auteur nous raconte un voyage personnel au Vietnam. Mais en général, j'ai été envoûtée par cette plume nourricière d'images.

-Cette lecture demande de la respiration et de l'espace, en levant parfois le regard vers l'horizon, pour apprécier sa grâce, mais aussi pour réfléchir au périple des réfugiés de la mer. Tout ce temps d'attente, de patience et d'espérance est admirablement bien transmis par Gilles Jobidon. Il alterne entre tristesse et volupté jusqu'à la toute fin, où le récit emprunte un tempo beaucoup plus accéléré pour se terminer par une grande tombée du rideau, l'arrivée de Petit Tonnerre à destination. Magnifique !

Extraits favoris :

« Pour les jours sans soleil, je fais provision des éclaircies de toi. De tes regards furtifs, de tes petits gestes de toi qui, quand je ne les attends pas, chaque fois font mouche sur la paume de mon coeur. »

« Nager. Nager. Nager. Au bout de l'eau, du Pacifique, de l'espoir. Au bout du monde, du courage, de tes forces, de la vie. Nager. Nager. Nager. Nager. Tes bras, tes jambes, l'eau, l'air, l'eau. Ton souffle. L'azur. »

Lettre J pour le challenge ABC Babelio


2 commentaires:

  1. Je pense qu'il est resté dans ma pile à lire depuis trop longtemps celui-là. Il serait temps de passer à l'étape de la lecture!

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    1. Oh chouette ! Je suis curieuse de savoir ce que tu en penseras. Pour ma part, j'ai eu un peu de mal au début, car c'est assez atypique comme roman, mais j'ai beaucoup aimé finalement !

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