Titre : L'enfant dans la cage
Éditeur : XYZ
Parution : 2014
Format : 140 pages
Résumé :
Le premier roman de William Drouin m’a fait
vivre une lecture en dents de scie, avec des moments très forts et d’autres qui
m’ont agacée. J’aurais voulu m’attacher à ce jeune garçon, enfermé dans une
cage suite au décès de sa mère, s’évertuant à écrire sous le joug de son père.
Le narrateur-enfant est habituellement une forme que j’affectionne en
littérature québécoise, que ce soit dans Le
souffle de l’harmattan de Sylvain Trudel ou La petite fille qui aimait trop les allumettes de Gaétan Soucy. Malgré un a priori favorable, pourquoi la magie n’a-t-elle pas opérée spontanément
dans ce cas-ci ?
Ce que j'ai aimé :
Ce que j'ai aimé :
D’une part, j’ai été embêtée par les nombreuses
ressemblances avec le texte de Soucy : la mort d’un parent dans l’incipit,
le narrateur-enfant représenté en train d’écrire le livre que l’on tient entre
nos mains. D’emblée, j’ai eu une impression de déjà lu, comme si William Drouin
ne s’était pas encore défait de ses influences littéraires. D’autre part, j’ai
eu du mal à entrer dans cet univers sombre, violent et dense. Certaines scènes,
dont celle où un passant étrangle une chatte avec sa laisse, m’ont troublée
fortement. L’environnement du narrateur (cage, soleil, soif) a exacerbé cette
sensation étouffante et lourde, que j’éprouvais déjà devant ces morts
successives (mère, frère). Par ailleurs, la syntaxe particulière et les longues
digressions ont compliqué la percée de ce monde étrange et déstabilisant.
Je me suis accrochée, j’ai peiné par moments,
mais cela m’a permis d’apprécier certaines perles qui ponctuent cette histoire.
La construction du récit s’avère particulièrement intéressante, alternant le
présent et le passé, reconstituant les événements petit à petit. De plus, j’ai
retrouvé, après quelques chapitres, ce qui me plaît dans la vision du
narrateur-enfant : un réalisme merveilleux et une critique sous-jacente de
la société. William Drouin crée des associations d’idées originales, dans un
style poétique et pictural : « Le
soleil étire son arrogance sur les pissenlits, leur blanchit la tête, comme si
d'un fouet il les montait en neige ». Ces passages plus aériens
permettent de s’évader de la dureté des thèmes abordés à travers le
roman : l’alcoolisme, le suicide, la folie, l’intimidation. J’ai également
savouré l’humour noir du personnage principal, Sixpé Clandres, lorsqu’il commente
son propre processus d’écriture ou s’en prend aux écrivains parvenus, cherchant
à mousser leur ego. Révolté, sans censure, il détrône les figures d’autorité,
dont un médecin corrompu ou des parents plutôt hypocrites.
« C’était
dimanche et nous ne parlions pas de mon frère. Papa coupait les citrons en
quartiers impeccables. Les pommes de terre rissolaient dans la poêle, dans du
beurre, de l’ail, du persil. Près de la fenêtre, un bouquet de coriandre
attendait de mourir. On faisait semblant de se passionner de ce que l’un
disait, de ce que l’autre répondait, et la vie s’effritait, et personne
n’achetait de balai. »
Cet extrait ci-dessus reste l’un de mes préférés. Il montre le regard lucide de l’enfant, face au milieu fourbe des adultes qui l’entourent, tout en restant éthéré. J’aurais aimé retrouver plus d’instants de respiration comme celui-ci, pour aider le lecteur à reprendre son souffle. En somme, cette lecture en montagnes russes ne m’a pas laissée indifférente. J’y ai découvert un auteur audacieux, avec une imagination débordante. Son univers gagne à être connu, surtout si vous êtes moins sensibles que moi.
Extrait favori :
« Ma mère s’appelait Laura. Je me dépêche d’écrire son nom comme une preuve de son existence au cas où un pacte viendrait m’en empêcher. Ses cheveux étaient blonds, dorés comme les sables aurifères, d’un éclat comme il ne s’en fait pas chez les teinturiers, et ses joues un peu rousses étaient tendres comme du beurre. »
Cet extrait ci-dessus reste l’un de mes préférés. Il montre le regard lucide de l’enfant, face au milieu fourbe des adultes qui l’entourent, tout en restant éthéré. J’aurais aimé retrouver plus d’instants de respiration comme celui-ci, pour aider le lecteur à reprendre son souffle. En somme, cette lecture en montagnes russes ne m’a pas laissée indifférente. J’y ai découvert un auteur audacieux, avec une imagination débordante. Son univers gagne à être connu, surtout si vous êtes moins sensibles que moi.
Extrait favori :
« Ma mère s’appelait Laura. Je me dépêche d’écrire son nom comme une preuve de son existence au cas où un pacte viendrait m’en empêcher. Ses cheveux étaient blonds, dorés comme les sables aurifères, d’un éclat comme il ne s’en fait pas chez les teinturiers, et ses joues un peu rousses étaient tendres comme du beurre. »
Lu dans le cadre de La recrue du mois
Un chat étranglé avec une laisse? Brrr j'en ferais des cauchemars! Pas pour moi, ce bouquin!
RépondreSupprimerOui, c'est une scène très éprouvante. Ce roman n'est pas pour les âmes sensibles, d'où ma difficulté à y adhérer pleinement.
SupprimerC'est un premier roman, non?
RépondreSupprimerOui, William Drouin est notre recrue d'octobre à La Recrue du Mois. Pour ma part, j'ai aimé son style imagé, sa manière de jouer avec les mots, mais moins le côté sombre et violent. C'est seulement ma petite opinion personnelle, alors je t'invite à lire les autres avis sur le site :)
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