Suite au succès remporté en 2013, le Théâtre In Extremis renoue avec la pièce Délire à deux, d'Eugène Ionesco. Présentée tous les dimanches et lundis d'octobre, au bar l'Escogriffe, la troupe nous offre une expérience immersive, introduisant les spectateurs dans l'appartement d'un couple à la dérive. Tandis qu'à l'extérieur les bombes éclatent, ils restent prisonniers d'un amour malheureux. Le coeur ouvert par des éclats d'obus langagiers, ils s'accusent, s'entêtent, s'ignorent et se relancent, dans un tango tendre et vif.
© Isabel Rancier |
La mise en scène d'Isabel Rancier intègre des mouvements de danse, qui s'avèrent tout à fait justifiés. Cette corporalité amène le public à ressentir la complicité entre le duo d'acteurs, Catherine Huard et Arnaud Bodequin. Elle transmet aussi ce fragile équilibre entre la tension et l'affection, commun à tant de couples. C'est la vie elle-même - fluctuant entre des moments drôles, touchants ou cruels - que l'on voit passer sous nos yeux, parmi ce microcosme.
« Pour l'amour de toi, je m'embête »
La banalisation des horreurs de la guerre, qui sévit autour d'eux, se reflète dans la violence répétée de leurs conflits personnels, inscrite au quotidien. Question de survie, de lassitude ? L'homme est-il vraiment fait pour la tranquillité ? Le texte d'Eugène Ionesco soulève de nombreuses réflexions nécessaires. En entremêlant les symétries, les antithèses, ces joutes verbales mettent en lumière l'incommunicabilité des êtres, mieux qu'aucun discours explicatif.
Le lieu choisi pour les représentations de Délire à deux sied parfaitement à son propos. Les murs de pierre de l'Escogriffe rappellent le bunker dans lequel ces amants sont isolés. Un esprit légèrement gitan et clandestin s'en dégage. J'ai particulièrement apprécié l'utilisation ingénieuse de l'espace, les interactions avec l'assistance et l'ambiance de convivialité qu'ils ont su créer. Par leur forte présence scénique, le tandem que forment Catherine Huard et Arnaud Bodequin m'a arraché une larme et des rires spontanés. Grâce à de beaux passages intimistes, amplifiés par la proximité in situ, cette histoire nous plonge dans le caractère universel de l'être humain, d'une manière atypique et intelligente.
© Isabel Rancier |
Le lieu choisi pour les représentations de Délire à deux sied parfaitement à son propos. Les murs de pierre de l'Escogriffe rappellent le bunker dans lequel ces amants sont isolés. Un esprit légèrement gitan et clandestin s'en dégage. J'ai particulièrement apprécié l'utilisation ingénieuse de l'espace, les interactions avec l'assistance et l'ambiance de convivialité qu'ils ont su créer. Par leur forte présence scénique, le tandem que forment Catherine Huard et Arnaud Bodequin m'a arraché une larme et des rires spontanés. Grâce à de beaux passages intimistes, amplifiés par la proximité in situ, cette histoire nous plonge dans le caractère universel de l'être humain, d'une manière atypique et intelligente.
© Isabel Rancier |
Délire à deux d'Eugène Ionesco. Mise en scène d'Isabel Rancier. Une production du Théâte In Extremis. Au bar l'Escogriffe (4467, rue Saint-Denis), tous les dimanches et lundis du mois d'octobre.
Pour l'amour de toi, je m'embête. Juste cette phrase.... Elle t'a frappée n'est-ce pas ? Moi aussi.
RépondreSupprimerDe l'intimité dévoilée, c'est paradoxal puisque l'intimité est faite pour ne pas l'être.
Vous avez été voyeuses. Nous le sommes toutes un jour. Dans un roman, c'est plus discret.
Très beau texte.
Oui, c'est une phrase toute simple, mais si percutante ! Merci d'être passée par ici et de me livrer tes pensées sur ce spectacle. Cela me touche beaucoup. J'ai l'impression que cet intimité m'a rendue totalement présente, que j'ai vibré avec eux. Tu aimerais sûrement ce théâtre décloisonné, qui fait résonner les mots dans l'espace public :)
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