7 décembre 2013

La danse des ombres

Auteur : Alice Munro
Titre : La Danse des ombres
Traduction : Colette Tonge
Éditeur : Québec Amérique
Parution : 2013
Format : 273 pages



Résumé :

Voici le premier recueil de nouvelles d'Alice Munro, publié en 1968 et réédité en 2013 chez les éditions Québec Amérique. Ces quinze nouvelles nous transportent au Sud-Ouest de l'Ontario, dans les années 40-50. Elles représentent des femmes, souvent jeunes ou adolescentes, vivant dans une campagne environnante, démunie et inhospitalière.

L'auteure aborde les relations parents-enfants, les secrets, la réputation et l'hypocrisie dans un milieu rural fermé. D'une esthétique réaliste, ces nouvelles sont également teintées d'une sensation étrange. Alice Munro transforme ces moments de suspension, où il ne se passe presque rien, en des bijoux introspectifs. Une oeuvre d'une ambiance inoubliable !

Ce que j'ai aimé :

-Ce recueil de nouvelles m'a complètement conquise par ses descriptions sensibles, son ton nostalgique et légèrement décalé, ainsi que son intensité psychologique. Je le considère comme une très bonne introduction à l'oeuvre d'Alice Munro, puisqu'il contient, avec une force brute et authentique, tout l'univers qu'on retrouvera de façon plus subtile dans ses autres recueils. Écrit dans un style simple, il se lit très bien et m'a envoûtée dès la première nouvelle.

-Le cow-boy colporteur illustre la vision d'une petite fille suivant son père - vendeur itinérant de sirop pour la toux et éleveur de renard argenté - lors d'une tournée sur la route. Cette première nouvelle dresse, dès le départ, un portrait de la campagne ontarienne de l'époque. Maisons à l'abandon, voitures poussièreuses, chiens errants, tout évoque la pauvreté et la désuétude. Une touche de magie provient de l'observation, distante et méticuleuse, que fait la fillette de ces gestes ralentis, de ces rires éloignés, appartenant au monde des adultes. Un charme insolite, qui traverse tout le recueil.

-On peut associer cet ensemble de textes au genre gothique de l'Ontario du Sud, décrivant les petites trahisons et les malaises d'une société protestante rigide. Alice Munro possède un don naturel pour évoquer le passage d'un flot de sentiments sur un visage, avec une atmosphère surannée et lugubre. Cela lui permet aussi de rendre compte du caractère vétuste de l'ordinaire, tel un rayon de soleil sur un linoléum jauni ou un coin secret sous un perron décati. Marquant !

Extraits favoris :

« Toute ma vie, j'avais su qu'il existait un homme comme celui-ci, caché derrière une porte, dans le noir, au tournant, tout au bout d'un couloir. Je le voyais donc, à présent, et j'attendais comme on voit un enfant dans un vieux négatif, cheveux flamboyants, yeux brûlés d'enfant perdu. »

« À cette heure du jour, la cour était étrange, humide et ombreuse ; les champs étaient gris et, le long des clôtures, les buissons touffus, couverts de toile d'araignées, étaient noir d'oiseaux ; le ciel pâle et froid était doucement nervuré de lumière, empourpré sur le pourtour comme l'intérieur d'un coquillage »


4 commentaires:

  1. Tentée de découvrir cette auteure mais j'essaye de me calmer en ce moment car beaucoup trop de livres en attente chez moi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Alice Munro possède un talent particulier pour témoigner du passage du temps dans ses nouvelles. Quand tu en auras l'occasion, je te recommande vivement ses recueils.

      Supprimer
  2. Voici encore une autre de mes si nombreuses lacunes littéraires. Je l'avoue, je n'ai jamais rien lu d'Alice Munro. Je sais maintenant que le jour où je vais décider de combler cet immense gouffre, je le ferai en lisant ce recueil de nouvelles. Merci Topi !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je te conseille ce recueil sans hésiter. C'est vraiment un petit bijou ! :)

      Supprimer