4 juillet 2012

La mer de la tranquillité

Auteur : Sylvain Trudel
Titre : La mer de la tranquillité
Éditeur : Les Allusifs
Parution : 2006
Format : 190 pages

Résumé :

Ayant reçu le Prix du Gouverneur général du Canada en 2007, ce recueil contient 9 nouvelles abordant les thèmes de l'enfance et son imaginaire débordant, de l'adolescence et ses idéaux, de la mort et de la déception qui souffle à travers la sublimation du réel. Des bulles de mots qui éclatent sur les parois, multicolores et riches, pour former un tableau dense de touches vives sur fond noir.

Ce que j'ai aimé :

-Sylvain Trudel sait jongler avec la langue, la pétrir, pour en faire ressortir des petits bijoux. J'ai été ravie de retrouver sa façon unique de décrire l'enfance et sa soif de liberté, fougueuse et rugueuse. Il a vraiment du talent pour mettre en scène des enfants un peu solitaires et rêveurs, pour faire ressortir les détails du quotidien qui rendent leur monde magique. Une plume fantaisiste, imagée et créative, qui semble couler de source, sans trop chercher à rationaliser.

-Par la richesse de ses textes, Sylvain Trudel nous invite à admirer la beauté des mots, à prendre le temps de lire chacun d'eux, comme lorsqu'on déguste un bon plat et qu'on veut en saisir toute la subtilité.

-J'ai bien aimé l'humour noir qu'on retrouve dans certaines nouvelles. Il nous surprend dans le détour, nous arrache un sourire et allège certains moments plus durs, où le désenchantement écorche les êtres, leur enlève leur vernis.

-L'auteur s'approche aussi de la philosophie, en abordant certains sujets comme la vertu, la solitude, la vieillesse. Réflexions qui interpellent ses personnages, mais qui nous rejoignent tous collectivement.

Extraits favoris :

« Le soir venu, nous nous balancions dans le jardin, Françoise et moi, comme si de rien n'était, croquant des rhubarbes au sucre, nous demandant si les pommes ont un équateur, si nos lèvres sont gonflées de jus de pruneau, si les saules pleureurs meurent de chagrin. »

« J'écoutais battre à mes tempes mon nouveau coeur à deux visages, brouillé, meurtri, sous le vol saccadé des chauves-souris, parmi les grillons, tous mes z en poche, fouettant la lune de mes jambes maigres au beau mileu des choses grandes et petites, à mi-chemin entre les deux infinis. »

« Fatima Bernatchez du chemin Tortu, fille des champs et des bois, ma petite rouquine des confins du comté perdu de Sénécoupé, ton ombre sacrée erre entre les cournouillers, dans la lumière de ma mémoire. »

« Les gouttes de feu des lampions vacillaient dans les godets couleur sang, des vieillards cassés égrenaient des chapelets dans la prénombre, les évangéliaires fleuraient bon l'encre et la myrrhe, le soleil filtrait à travers les couleurs liquides des vitraux et tombait en gerbe de rayons sur les nuques ployées. »

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