8 février 2014

PIG : le murmure des fées

© Julie Artacho
Puisant dans la poétique des contes de fées, la nouvelle création de Simon Boulerice, présentée dans la salle intime du Théâtre Prospero, fait cohabiter le charme de l'enfance avec la cruauté de l'homme.

Troublante rencontre entre l'ombre et la lumière, PIG nous insuffle un sentiment de magie, des étincelles dans les yeux, sans toutefois ignorer la part de férocité de notre monde. Campée dans une maison de bois, la pièce tourne autour du personnage de Paul, un petit garçon de neuf ans, interprété avec un naturel éblouissant par le jeune Gabriel Szabo, tout juste promu de l'Option-Théâtre du Collège Lionel-Groulx.

© Julie Artacho
À l'Halloween, Paul souhaite porter une étincelante robe de muse. Appuyé par la blonde de sa mère, Phoebe (pétillante Violette Chauveau), l'enfant s'imagine déjà brilllant de beauté.

Par contre, sa mère biologique, Claire (bouleversante Marie Charlebois), veut lui imposer un costume de cochonnet. Cette différence d'opinion au sein du couple vient compliquer une situation déjà tendue. Suite au cancer du sein de Claire, ayant miné sa féminité et sa patience, un climat oppressant s'est installé dans la maison.

La personnalité de Paul, pleine de fraîcheur et de spontanéité, apporte des petites bulles de bonheur. Avec candeur, il exprime sa joie libre et folle, tel un esprit visité par les fées. J'ai été touchée par sa fantaisie, sa façon de croire en plus grand, en plus beau. Par sa sensibilité à voir la lumière chez l'autre, sa pureté relève presque du mystique. Drôle, déridant, on reconnaît la plume frivole et réjouissante de Boulerice.

© Julie Artacho
Alors qu'il se fait garder par Sunny (étonnant Philippe Robert), un étrange étudiant fasciné par le cinéma de Polanski, la naïveté de Paul est ébranlée par les faits entourant la mort violente de l'actrice américaine Sharon Tate, le mot PIG ayant été écrit avec son sang.

Le soir du 31 octobre, accompagné par Sunny pour la cueillette de bonbons, Paul disparaît dans une forêt obscure, laissant ses deux mamans dans un profond désarroi. La mise en scène de Gaétan Paré, sombre et inquiétante, prend alors tout son sens, afin de mettre en contraste les multiples strates de ce texte foisonnant.

Sous son air faussement naïf, cette fable aborde des traumatismes marquants, comme le rejet, les cauchemars, la méchanceté. En ce sens, elle embrasse la dualité que l'on retrouve dans les contes de fées - et aussi dans la vie -, entre le bien et le mal. L'image corporelle demeurant un thème récurrent chez Boulerice, on retrouve aussi ce dualisme entre les archétypes féminins de la princesse (la beauté de Sharon Tate) et de la sorcière (la colère de Claire). Malgré une telle densité, l'histoire est résolument positive, invitant à l'ouverture aux autres - notamment par le sujet de l'homoparentalité - et à l'espoir.

Une bouffée d'air frais, qui va droit au coeur !

PIG. Texte de Simon Boulerice. Mise en scène de Gaétan Paré. Au Théâtre Prospero jusqu'au 19 février 2014.

2 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec ta lecture! :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Oh ! Nos bagues d'émotions sont de couleurs similaires :) J'ai tellement aimé que la mienne est rouge pétant, comme dirait Phoebe ! :)

      Supprimer