Titre : Le dernier Lapon
Éditeur : Points
Parution : 2013
Format : 576 pages
Résumé :
Avec ce premier roman, le journaliste français Olivier Truc nous transporte en Laponie, une région située au nord de la péninsule scandinave. Nous découvrons à ses côtés la splendeur de ce territoire polaire où vivent les Samis, un peuple autochtone. L'intrigue débute alors qu'un tambour chamanique disparaît du Musée de Kautokeino. Peu après, un éleveur de rennes est retrouvé mort en pleine toundra. Est-ce un règlement de comptes ? Peut-on relier les deux événements ?
La police des rennes, chargée de prévenir les conflits entre éleveurs, mène l'enquête. Pour élucider ce mystère, l'inspecteur Klemet et sa partenaire Nina devront se pencher sur l'histoire et les coutumes ancestrales de ce peuple nomade. Spécialiste des pays nordiques et baltes, Olivier Truc nous livre un excellent polar, très bien documenté. Au-delà de la résolution d'un crime, il nous renseigne sur les aspects écologiques, économiques et religieux de cette contrée méconnue.
Ce que j'ai aimé :
Tout d'abord, j'ai bien aimé que l'aventure débute durant la nuit polaire. La police des rennes doit patrouiller parmi l'obscurité - le soleil ne restant visible que quelques minutes par jour. Dans cette atmosphère glaciale, nous suivons leurs virées en motoneige, sur de vastes étendues. Les paysages enneigés, les aurores boréales, les rennes qui se profilent au loin, tous ces éléments nous plongent dans une ambiance féérique, mais précaire. En effet, par leur relation de proximité avec les bergers, les enquêteurs témoignent de la fragilité de ce mode de vie traditionnel, en symbiose avec la nature. Réchauffement climatique, exploitation minière, conflits avec les agriculteurs, ce récit nous ouvre les yeux sur les difficultés qui touchent la communauté sami.
Dans le prologue, l'auteur dépeint comment le chamanisme et les tambours sacrés ont été détruits par une vague d'évangélisation, au XVIIe siècle. En effet, il ne resterait que 71 tambours sami dans le monde. Il n'est donc pas étonnant que les prémices de cette intrigue soient reliées au retour d'un vieux tambour en Laponie. Cette approche ethnologique m'a sensibilisée au courage de ce peuple qui, malgré les blessures du passé, maintient la transmission de ses légendes par les mélopées des chants joiks. Je n'ai pu m'empêcher de penser aux peuples autochtones de mon pays, qui ont vécu une colonisation semblable.
La force de ce roman réside dans ses panoramas presque lunaires, ses personnages énigmatiques et son style documentaire très fouillé. Par contre, j'ai trouvé qu'il avait le défaut de ses qualités. Olivier Truc nous présente plusieurs sujets - allant jusqu'à faire un parallèle avec les expéditions de l'explorateur Paul-Émile Victor en 1939 -, mais certaines pistes ne sont pas menées jusqu'au bout. Le dénouement m'a laissée sur ma faim, me donnant plutôt l'impression que l'auteur nous prépare une suite. Tout de même, j'ai passé un moment de lecture dépaysant et instructif. À suivre, donc !
Extrait favori :
« C'était la journée la plus extraordinaire de l'année, celle qui portait tous les espoirs de l'humanité. Demain, le soleil allait renaître. Depuis quarante jours, les femmes et les hommes du vidda survivaient en courbant l'âme, privés de cette source de vie ».
Coucou !
RépondreSupprimerJe viens de commencer une « brique » pour le challenge du mois de l'histoire des noirs, mais le livre d'Olivier Truc sera très certainement ma prochaine lecture.
L'extrait que tu proposes est vraiment intense.
Cela me rappelle, mais confusément, un film que javais vu. Je crois que c'était avec Al Pacino, un titre comme « Insomnia »... je vois les grands espaces, le jeu du jour et de la nuit...
Le côté « polar » par contre semble moins réussi, mais... on ne peut pas tout avoir ! :-)
Bises
Bonjour Marion !
SupprimerJe ne suis pas experte en polar, mais je crois que l'auteur a mis en place les éléments essentiels pour une série plus longue. Cela m'a un peu déçue, car je m'attendais à ce que la boucle soit bouclée. Mais, juste pour la nuit polaire et l'aspect culturel, ce roman en vaut vraiment la peine ! Bonne future lecture :)
Bonsoir Topinambulle, moi aussi, et comme beaucoup d'autres, avons aimé ce premier roman qui se passe dans un cadre hors norme. Quand on pense qu'il existe des endroits sur terre où le jour dure 10 minutes après 40 jours de nuit et des conditions climatiques extrêmes. Il faut y être né. Bonne soirée.
RépondreSupprimerQuel spectacle quand le soleil surgit dans ce roman ! J'ai de la difficulté à me l'imaginer et c'est ce qui rend le tout si fascinant. Merci pour votre passage, Dasola.
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