Chercher Sam

Auteur : Sophie Bienvenu
Titre : Chercher Sam
Éditeur : Le Cheval d'août
Parution : 2014
Format : 176 pages

Résumé :

Mathieu habite dans la rue avec sa chienne, Sam. Le froid se fait sentir, l'hiver approche à grands pas. En sortant du dépanneur, près duquel il avait attaché son pitbull, Mathieu s'aperçoit qu'elle a disparu. Sa complice, celle qui le tient au chaud, reste introuvable.

Un grand courant glacial, plus pétrifiant que le mercure extérieur, s'infiltre dans ses os, dans son coeur. La perte de son alliée lui fera revisiter son passé : sa mère hyperprotectrice et possessive, son père effacé, son ancienne petite amie. Porté par une oralité brute, le récit du jeune sans-abri nous laisse avec une énorme boule dans la gorge. Avec Chercher Sam, Sophie Bienvenu signe donc un deuxième roman bouleversant, allant d'une révélation à une autre.

Ce que j'ai aimé :

C'est un roman dur, coup de poing, qui se lit d'un trait. Je dois vous avouer que, de prime abord, j'ai eu du mal à entrer dans cet univers. Les jurons, les anglicismes, les scènes crues ne sont pas dans mes préférences. J'ai tout de même dévoré ce petit livre en deux heures, ne pouvant le lâcher sans savoir la fin. Comment cela s'explique-t-il ? Je crois que tout réside dans l'émotion, dans le crescendo de cette quête, et les aveux de Mathieu. Puisqu'il se livre au compte-gouttes, on se retrouve suspendu à ses lèvres, voulant découvrir ce qui l'a amené à vivre dans la rue. Même si certains passages m'ont dérangée, je ne peux nier que Sophie Bienvenu a un don pour nous immerger totalement dans son récit.

Pour quiconque connaît la tendresse d'un animal de compagnie, leur côté rassurant, leur manière de nous comprendre avec les yeux, cette histoire aura une résonance. Lorsqu'on vit dans la rue, comme Mathieu, cette relation prend encore plus d'ampleur. Il s'agit d'une question de survie, puisque son chien lui fournit de la chaleur par les nuits froides. On réalise que Sam lui servait de boussole affective, tant il devient désorienté après son départ. Selon moi, ces moments qui montrent la relation homme-animal demeurent les plus forts du roman. Sur le plan du réalisme, le quartier Rosemont est très bien représenté. Par contre, le scénario m'a semblé parfois cousu de fil blanc. En somme, malgré quelques bémols, je ne regrette aucunement cette lecture riche en émotion.

Extrait favori :

« Ces matins-là, on est presque bien, et j'ai presque envie d'en profiter un peu. Mais j'ai trop peur que mon cerveau embarque et gâche tout, alors je ferme les yeux sur le rose et les chats, je me retourne pour bien sentir le sol sous mes os et je sors les deux bras du sac de couchage d'un coup, comme si je plongeais dans un lac gelé. N'importe quoi pour ne pas penser. Sam soupire. Je me rendors. C'est apaisant, un coeur qui bat sous ta main. Même si c'est rien qu'un coeur de chien. »