21 décembre 2014

Contes urbains : Féminin pluriel


J'ai une cousine formidable ! Après une journée de filles très chouette (petit déjeuner au Nu art café, heure du thé chez Birks), elle m'a invitée à la soirée des Contes urbains à La Licorne. Je crois que j'ai vécu l'une de mes plus belles aventures de l'Avent. L'une des plus émouvantes aussi, car on assistait à la toute dernière représentation de cette tradition du temps des fêtes, fondée par Yvan Bienvenue et Stéphane Jacques. Pour clore 20 ans de contes urbains, ils ont décidé d'accorder la parole au féminin pluriel. Deux heures sans entracte, huit contes se déroulant à Montréal, dits par des femmes, racontant des vies de femmes. Merci ma belle amie !

Diane Lavallée | © Urbi et Orbi

Mise en conte par Brigitte Poupart, cette édition s'ouvrait sur un texte du cofondateur Stéphane Jacques, intitulé Le joyeux Noël de Sophie. J'ai eu beaucoup de plaisir à voir Diane Lavallée sur scène. Elle incarnait une femme pour qui un déménagement à Laval relève du bouddhisme, après une vie mouvementée sur le Plateau. Très rigolo, j'ai apprécié son interprétation sans faille et sa façon de s'adresser autant au public qu'à la comédienne France Arbour.

Brigitte Poupart  | © Urbi et Orbi

Stéphane Lafleur nous a offert un texte tout en subtilité, interprété avec autant de finesse par Brigitte Poupart. Une femme qui ne jure que par les produits bio et les boutiques spécialisées se demande si elle est snob. Où trace-t-on la ligne du snobisme ? Une réflexion profonde sur la gentrification du quartier Hochelaga et sur l'ennui.

Michelle Blanc | © Urbi et Orbi

Le conte de Michelle Blanc, Moé c'est ça Noël, dans lequel elle nous livre son histoire, m'a fait pleurer à chaudes larmes. Elle parle de sa transexualité, de la mort de sa mère, de son amour pour sa blonde Bibitte électrique et de son petit-fils. Je lui laisse la parole :

« On parle beaucoup du Père Noël, [...] mais c'est les mamans qui font tout. Ce sont les fées des glaces qui se tapent la job. Sans fée des glaces, les réveillons sont plutôt drabes. Ce sont des Noëls en canne ou en produits congelés ou pire encore, au restaurant. »

« Bibitte et moi serons les deux fées des bonbons, des biscuits, des gâteaux et des Häagen-Dazs. Ha oui, la fin ! Elles vécurent heureuses et n'eurent qu'un petit-fils. Mais maudit qu'il fut aimé, gâté, pourri et souriant à la vie et à la différence. »

France Arbour | © Urbi et Orbi

J'attendais cet instant avec fébrilité : France Arbour qui raconte Cocaline, un texte de la première heure écrit par Yvan Bienvenue, un texte que j'ai maintes et maintes fois étudié dans mon cours sur le conte québécois. Surprise ! Hier soir, j'ai eu la chance d'entendre une version différente, comme quoi les histoires ne sont jamais figées dans le béton. Avec beaucoup d'humour et un talent extraordinaire, France Arbour nous fait voir, par ses gestes et son regard, le sujet délicat de la sexualité des personnes âgées.

Je tiens à souligner l'écoute généreuse de France Arbour, qui est restée sur scène durant tout le spectacle, réagissant aux récits des autres femmes. À la fin, chacune d'elles occupait l'espace, tel un chant choral déployé. Puis, Yvan Bienvenue s'est avancé et a serré sa complice de longue date dans ses bras. Eh bien, devinez quoi ? J'ai encore pleuré ! C'était un moment fort, que je n'oublierai pas.

Contes urbains, mise en scène de Brigitte Poupart. Une production Urbi et Orbi. Au Théâtre La Licorne jusqu'au 20 décembre 2014.

4 commentaires:

  1. Ouhhh voilà qui avait l'air fort chouette !

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    1. Oui, on s'est bien amusées ! C'est précieux d'avoir une amie qui partage nos intérêts et à qui on peut tout dire. Ma cousine, c'est comme ma soeur :)

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  2. Hon que j'aurais aimé ça sirop. Mais je suis heureuse que tu aies passé de beaux moments en compagnie de ta cousine amie, goûter :a de la bonne bouffe et surtout à travers ces contes sûrement fort bien racontés par cette pléiade de voix féminines. Que du bon temps en somme ;-)

    Pssst je trouve l'affiche très, très jolie.


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    1. Je crois que tu aurais aimé entendre ces voix de femmes. On se reconnaît dans leurs doutes, leurs désirs. Oui, j'ai passé de beaux moments avec ma cousine ! On s'est abonnées au théâtre ensemble, mais cette soirée n'était pas prévue du tout ;)

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