15 janvier 2015

Titre de transport

Auteur : Alice Michaud-Lapointe
Titre : Titre de transport
Éditeur : Héliotrope
Parution : 2014
Format : 212 pages

Résumé :

Dans son premier livre, Titre de transport, Alice Michaud-Lapointe nous fait voyager entre 21 stations de métro de Montréal. C’est sa volonté de représenter la ville qui demeure intéressante ici. L’unité de ce recueil, dit d'histoires plus que de nouvelles, se loge dans un portrait de société diversifié, qui forme un tout malgré les éléments disparates qui le composent. Un regard attentif, soucieux de l’être mouvant, à la fois unique et collectif.

Ce que j'ai aimé :

Il y a des scènes vaporeuses, des percées de lumière au fil des pages. J’ai apprécié m’imaginer les lieux dans lesquels se déroulent ces histoires, visualiser une personne qui se démarque de la foule, qui perd en quelque sorte son anonymat. Comme par exemple, dans Berri-UQAM, où deux marginaux se serrent tendrement dans leurs bras. Ou encore, cette jeune femme, grelottante devant la station Mont-Royal après une nuit décevante. Une vraie humanité, un refrain errant, qu’on prend plaisir à observer. J’ai aimé l’affection de l’auteure envers les plus démunis ou les adolescentes en peine d’amour.

En d’autres endroits, le ton devient plus enjoué. Le format court sert bien l’énergie pétillante des jeunes, tel que dans Villa-Maria, où quatre étudiantes en uniforme cherchent à séduire un groupe de garçons. Cette intensité se reflète également dans une oralité vernaculaire très bien véhiculée, mais qui pourra déranger certains lecteurs. D’ailleurs, c’est dans ces moments plus ordinaires et glauques, que j’ai eu envie de décrocher. La sexualité apparaît rarement de manière positive et frôle même la vulgarité.

À l’image de ces passants que l’on croise dans la rue, certains visages m’ont marquée plus que d’autres. Quelques histoires abordent les mêmes thèmes et en viennent à se ressembler. Un tri plus important aurait été préférable pour éviter cette impression de redite. Titre de transport reste une lecture intéressante, mais ne laisse pas de nombreux souvenirs. Néanmoins, le regard lucide d’Alice Michaud-Lapointe sur le monde qui l’entoure m’a plu, et je serai ravie de le retrouver dans sa prochaine publication.

Extrait favori :

« Des clochards et des hommes. Les derniers hivers se sont déposés par couches successives sur leurs visages, ont sculpté un masque d'engelures autour de leurs yeux bridés. Les courants d'air sifflent maintenant à travers les portes du métro, se figent sur leurs visages rougis, leurs mains enflées. Ce n'est plus le souffle de la ville, c'est autre chose. Un vent venu d'ailleurs. »

Lu dans le cadre de La recrue du mois


6 commentaires:

  1. Comme j'en ai parlé là, http://hopsouslacouette.blogspot.ca/2014/11/lecture-de-metro.html
    Lecture agréable pour moi, mais assez inégale. Un auteur que je suivrai néanmoins.

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    1. Merci pour le lien vers ton billet. Je suis ravie de voir que tu as aimé ! C'est une auteure que je suivrai aussi, malgré mes petites réserves ;)

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  2. Je vais passer mon tour pour celui-ci. Ma pile étant déjà énorme....

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    1. Je suis contente que tu poses la question, car je me suis demandé la même chose. Ta question en met une autre en lumière : Peut-on définir la nouvelle que selon la brièveté de son format ? Selon moi, la nouvelle littéraire se démarque aussi par son économie de moyens et sa construction dramatique qui tend vers une chute finale.

      Pour revenir au livre, la quatrième de couverture utilise le mot « histoires ». Certains textes ressemblent à des nouvelles et d'autres contiennent surtout des dialogues. Dans ceux-ci, la concision que j'aime tant dans la nouvelle m'a semblé moins présente. Cela a probablement joué dans mon appréciation.

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