Titre : Une mère exceptionnelle
Éditeur : Marchand de feuilles
Parution : 2014
Format : 199 pages
Résumé :
Le premier roman de Valérie Carreau explore la
réalité d’une mère suite à la mort de son enfant. Nous rencontrons Catherine
dans sa nouvelle maison de banlieue, alors qu’elle attend un prochain bébé.
Elle caresse son ventre et regarde affectueusement son mari et ses deux
fillettes. Toutefois, une enveloppe mauve, envoyée par son ancienne voisine,
Madeleine, lui rappellera l’accident qui causa le décès de son petit Philippe.
Âgé d’un an, il a succombé à la noyade dans leur piscine creusée. Le récit
bascule vers le passé, neuf mois plus tôt. Catherine aspire à vendre cette
grande maison, où s’est incrusté le drame. Elle cherche également à échapper
aux lettres, de plus en plus indiscrètes, de cette vieille dame.
Ce que j'ai aimé :
Ce que j'ai aimé :
Grâce à un narrateur à la troisième personne,
nous entrons progressivement dans cet univers contrôlé, aseptisé, sous lequel
gronde une angoisse enfouie. Ce choix de narration s’avère judicieux, puisqu’il
garde le lecteur à une certaine distance de l’héroïne. Nous avons une vue en
plongée sur les événements, favorisant une atmosphère oppressante. Coupés du
secret profond de Catherine, nous interprétons ses gestes, ses réactions
épidermiques. Ici et là, l’auteure insère un monologue intérieur en italique,
dévoilant les pensées de cette femme. Le dosage demeure réussi entre intimité
et détachement, chaleur et froideur. Malgré un rythme lent, un style épuré,
Valérie Carreau instaure une ambiance lourde de sous-entendus.
Outre la question du deuil, Une mère exceptionnelle s’intéresse à la
mémoire. Peut-on faire disparaître une tragédie de notre conscience en la
réfutant ? Catherine essaie de dissimuler sa douleur en nettoyant sa demeure ou
en cuisinant pour son entourage. Elle tente d’enterrer des souvenirs
troublants, mais ceux-ci refont surface sans crier gare. Autre thème
intéressant, le roman s’attarde aux pressions sociales vécues par la femme
moderne : image, perfectionnisme, réussite. La maison des Nadeau-Lajoie ressemble
à Un chez-soi idéal, mais il y règne
un malaise constant. Plutôt que de faire la paix avec son passé, la mère de
famille déploie des efforts pour sauver les apparences. Au milieu des plats
mijotés, des desserts dignes d’un magazine, la tension monte inexorablement du
début à la fin. Valérie Carreau nous livre un drame psychologique percutant et sensible, porté par une
écriture finement maîtrisée.
Extrait favori :
« Quand elle laisse s'emporter son imagination, elle fantasme à l'idée que, dorénavant, elle n'aura qu'un tout petit bout de comptoir à polir. Contrairement à ici : un seul salon, dont l'un des murs servirait d'ardoise aux enfants, qui seraient libres de tracer à la craie de jolis arcs-en-ciel. Leurs dessins rivaliseraient avec les visages anonymes des toiles de grande valeur qui décore en ce moment les murs de leur imposante demeure. Mais d'un autre côté, le temps que requiert l'époussetage méticuleux des cadres en innox brossé de ces toiles laisse à Catherine peu de temps pour faire autre chose, comme se rappeler Philippe. »
Lu dans le cadre de La recrue du mois
Quelle belle couverture! Mais je pense que le sujet serait trop lourd pour moi...
RépondreSupprimerLe sujet est dur, mais il est abordé avec une certaine douceur. Tout en lenteur, en intimité. Je ne peux en dire trop sur l'intrigue, mais c'est un très bon roman ! Je t'invite à le feuilleter :)
SupprimerIntriguant... Et, comme Jules le dit: Quelle belle couverture!
RépondreSupprimerPar ailleurs, je vois que tu lis Papillons. Hâte de lire ton billet!
Oui, la couverture est magnifique et j'adore le format longiligne du livre. Ce fut une très belle découverte :)
SupprimerPour Papillons, je ne sais pas encore quand j'aurai l'occasion d'en parler, alors je t'en glisse quelques mots ici. J'ai trouvé que c'était un roman très humain. L'écriture est simple, mais l'auteure réussit à dépeindre ses personnages comme s'ils existaient vraiment.
Pour un blog au ralenti, je le trouve plutôt actif ;) Comme Jules, je ne suis pas certaine que ce sujet est pour moi. J'y jetterai un coup d'oeil s'il se trouve sur mon chemin.
RépondreSupprimerHihi oui, c'est pas trop mal cette semaine ! Exactement, tu pourras ainsi te faire ta propre opinion si tu le croises :)
SupprimerHmm voilà un sujet à ne pas lire à tout moment. Il faut avoir le moral qui accroché.
RépondreSupprimerOui, c'est préférable ! Ce roman me fait penser à une belle glace toute lisse en hiver, mais dont on perçoit les remous en dessous. On n'est pas confronté directement au courant tumultueux de la mère, mais on le sent entre les lignes. C'est très bien fait et cela permet de réfléchir à ce sujet difficile. Douces bises Lili :)
SupprimerÇa y est! J'ai terminé ce roman hier soir. En effet très captivant. Il démarre lentement pour accélérer toujours un peu plus. Difficile à refermer plus on avance dans cette névrose de perfection qui cache un 'curieux secret'.. Un roman qui m'a rappelé Esprit d'hiver de Laura Kasischke. J'ai beaucoup aimé!
RépondreSupprimerBonjour Céline et bienvenue sur mon blogue :) Je suis ravie que ce roman vous ait plu. Je n'ai pas lu Esprit d'hiver, mais je le note précieusement ! J'aime bien ce genre de suspense psychologique.
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