26 août 2013

Variétés Delphi

Auteur : Nicolas Chalifour
Titre : Variétés Delphi
Éditeur : Héliotrope
Parution : 2012
Format : 237 pages

Résumé :

Dans ce deuxième roman, Nicolas Chalifour met en scène un serveur détestable. Aux riches clients du manoir, il aime servir des coups pendables sur un plateau d'argent, comme faire décoller la perruque du moustachu de la table 3. Ensuite, il profite de ses jours de congé pour s'amuser aux dépens des Djièfe et des Vanesse, fiers amateurs de Honda modifiée. Bref, chaque personne se trouvant sur son chemin court le vilain risque d'y goûter.

Mais d'où lui vient toute cette cruauté ? On fera délicatement le lien avec la tristesse d'un père ayant perdu contact avec sa petite fille à lulus et son ancienne copine. On verra s'effondrer la façade d'un homme qui ne croit plus en rien, sauf peut-être à « mettre le feu aux poudres de la fiction pour faire encore un peu de lumière au fond des choses ».

Ce que j'ai aimé :

-Nicolas Chalifour nous happe dans un tourbillon. J'ai été déstabilisée, mais également fascinée, par ces longues phrases, ces digressions, ces dialogues intégrés dans la narration. En s'accrochant bien, cela donne un texte touffu et haletant, au vocabulaire étudié, qu'on a de la difficulté à quitter.

-L'auteur multiplie les décors, alternant entre les périodes de travail au manoir et les virées dans les bars. Il entrecoupe le récit de moments au comptoir postal du Variétés Delphi et de voyages à Québec. Cette série de tableaux embrouille complètement le lecteur dans une toile habilement construite. J'ai aimé ce processus très rusé du romancier, ainsi que ce sentiment de vertige et de mystère qui donne envie de relire cette histoire dès la dernière page tournée.

-Mon seul bémol tient à l'humour grinçant. Plusieurs plaisanteries m'ont fait rigoler au début, mais plus le récit avançait, plus je riais jaune. La cruauté du personnage montait en gravité et j'ai ressenti un malaise face à certaines situations. Heureusement, les scènes plus exagérées n'occupent qu'une mince partie du roman.

-En général, j'ai beaucoup aimé cette lecture. Nicolas Chalifour a beaucoup de souffle, un style décapant, mais il nous fait également réfléchir sur le lien entre la méchanceté et le malheur, sur l'agitation du monde. Un auteur que je relirai certainement !

Extrait favori :

« Coincée entre l'index et le majeur de sa main gauche, une cigarette se consume silencieusement alors que sous un large trait de khôl le regard de la femme me décompose. Après un moment - une parcelle d'éternité au fond du dépanneur -, ses paupières s'abaissent lourdement, comme pour rompre ma transe, et d'une voix rauque, belle et grecque comme le reste, comme son visage, comme le fouillis de son chignon et comme tout ce que cache l'uniforme blanc et synthétique des préposés aux services postaux, elle me demande une preuve de résidence. »

Lettre C pour le challenge ABC Babelio


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