16 septembre 2012

Jésus, Cassandre et les demoiselles

Auteur : Emmanuelle Cornu
Titre : Jésus, Cassandre et les demoiselles
Éditeur : Druide
Parution : 2012
Format : 202 pages

Résumé :

Première publication pour Emmanuelle Cornu, chez la nouvelle maison d'édition Druide.

Jésus, Cassandre et les demoiselles est un recueil qui comporte 40 courtes nouvelles, de 5 pages ou moins. C'est l'occasion de découvrir un essaim de personnages et de situations diversifiées. L'unité se trouve plutôt dans les thèmes abordés. Une observation de la société actuelle et de ses travers. Une critique de la conformité et du « vernis social ». Une voix originale, qui a sû relever avec brio le défi d'écriture qu'est la brièveté.

Ce que j'ai aimé : 

-J'ai apprécié le côté ludique, tel un jeu littéraire, de nous raconter une histoire en quelques pages. Des phrases courtes, du rythme, de l'imagination. Pour certaines nouvelles, j'ai accroché sur des personnages. Comme cette Cassandre qui cultive les prunes. Ou cette artiste qui détruit en cachette ses créatures de verre et de métal. Pour d'autres, j'ai été séduite par des ambiances bien amenées. Comme cette campeuse qui attend nerveusement le retour de sa blonde dans sa tente, se demandant si elle est simplement sortie prendre l'air ou si elle est partie pour toujours.

-Emmanuelle Cornu ne manque pas d'idées. L'auteure met souvent en scène des personnages un peu névrosés, parfois rigolos et parfois plus tragiques. Certaines circonstances m'ont fait sourire, tandis que d'autres m'ont laissé un sentiment de malaise. Et je crois que c'est le but, faire réagir et réfléchir le lecteur sur des petits gestes du quotidien en les amplifiant au possible. Par exemple, une femme qui s'ennuie tellement de sa cour arrière verdoyante qu'elle décide de lui faire un décor spécial pour l'hiver. Ou cette skieuse qui s'installe dans un remonte-pente sans vouloir en ressortir.

-Même si ce n'est pas écrit en grosses lettres, j'ai aimé que l'auteure aborde son homosexualité. Elle le fait en toute subtilité, mais j'ai bien apprécié cette franchise, qui apporte quelque chose de personnel à son propos.

-Elle a un oeil formidable aussi pour relever les faux-semblants et l'hypocrisie. Les absurdités d'un monde du travail très compétitif. Un humour qui grince et écorche en passant le reflet parfait de la médaille.

-Mon seul petit bémol serait sur l'utilisation de la répétition. Une figure de style qui m'a plu au début, mais qui m'a un peu agacée avec le temps. En général, j'ai quand même passé un bon moment de lecture et j'ai découvert une écrivaine de talent, qui a un style avec bien du mordant.

Extraits favoris :

« J'ai un bureau qui brille. Mes mains y sont posées. Elles sont belles. J'ai le souci de l'esthétisme. Mon bureau est grand. J'aime le caresser. Mes bagues ne le griffent pas. Mon bureau est lisse. Mes ongles sont bien vernis. Mon bureau aussi. J'y vois mon reflet, c'est très joli. C'est mon bureau. Je le fais bien entretenir. Je suis formidable. »

« Mademoiselle Lili se paie une sabbatique. Elle ne voyagera pas, ne retournera pas aux études, ne s'initiera pas aux nouvelles philosophies, n'apprendra ni à coudre, ni à tricoter, ni à dessiner, n'écrira pas l'oeuvre de sa vie, ne se remettra pas en forme, ne fera pas de bénévolat, ne renouera pas avec sa famille, ne rénovera pas son appartement. »

Lu dans le cadre du défi Mon Québec en septembre


2 commentaires:

  1. J'ai toujours un peu de mal avec les nouvelles... Ma curiosité est cependant piquée!

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  2. Bien contente...il y en a eu des piqûres depuis le début du moins hein ;) Ton défi recharge la boîte à idées, c'est pas croyable !

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