22 septembre 2012

L'anglais n'est pas une langue magique

Auteur : Jacques Poulin
Titre : L'anglais n'est pas une langue magique
Éditeur : Leméac
Parution : 2009
Format : 156 pages

Résumé :

Francis est un lecteur sur demande. Il se déplace à domicile et fait couler les mots comme une prière, avec une admiration sacrée pour la langue française.

Un jour, il reçoit l'appel d'une dame qui lui demande d'emblée : Parlez-moi d'amour. Il comprend bien vite que ce n'est pas une tactique de séduction, mais plutôt le titre d'un recueil de nouvelles de Raymond Carver.

Outre Carver, Francis lit Gabrielle Roy, Alain Grandbois, Réjean Ducharme, Hemingway. Il fait revivre leur petite musique. Des mots qu'il offre à Limoilou, une adolescente qui a tenté de se suicider ou à Chloé, qui se trouve dans un profond coma.

Son métier n'est pas comme les autres et il le pratique avec soin, par respect pour les êtres écorchés qu'il rencontre et pour l'oeuvre des auteurs qu'il affectionne.

Ce que j'ai aimé :

-Dans ce roman, l'auteur laisse une grande place aux souvenirs d'enfance. L'image de son père, effleurée furtivement dans les livres précédents, se déploie avec plus d'ampleur et d'assurance. L'anglais n'est pas une langue magique est un livre sur la mémoire, à petite et à grande échelle. On retrouve des chroniques familiales : le magasin général de son père, les parties de hockey. Et l'histoire avec un grand H : les Amérindiens, la Louisiane francophone, la bataille des plaines d'Abraham. Jacques Poulin a su relier avec tact le côté intimiste d'un passé personnel avec les légendes plus grandioses d'un peuple en quête d'identité.

-Les femmes, dans ce roman, sont belles et mystérieuses. Elles fascinent par leur regard, leurs gestes. Elles intimident le narrateur, qui leur tisse une aura de déesse. Et pourtant, ce ne sont pas des femmes fatales. Elles sont simples, parfois fragiles. Malgré tout, l'auteur nous les présente avec une sorte de vénération douce, toute en lumière. C'est un aspect que je trouve touchant dans l'écriture de Jacques Poulin. Ses avancées vers le territoire énigmatique féminin, d'un pas timide et sans brusqueries.

-Quel est le rôle de la lecture dans la vie d'un être humain ? Dans cette histoire, on sent qu'elle est intimement liée à l'humanité. Elle donne son prénom à Chloé, dont les parents ont été inspirés par le personnage de l'Écume des jours de Boris Vian. Elle crée des ponts vers les autres. Elle montre une voix, une façon de vivre. Par exemple, l'écrivain Jack qui s'inspire d'Hemingway et préfère une vie retirée de la place publique. Elle pousse au rêve éveillé, une sorte de bulle ouateuse dont Francis, le colporteur de mots, apprécie la fibre.

-Bref, c'est un livre qui donne le goût de lire, de découvrir, de partager. Ou, tout simplement, de se faire raconter une histoire, bien emmitouflée dans une grosse doudou, avec un chat sur les genoux.

Extraits favoris :

« Au bout d'un moment, elle s'arrêta devant un livre. Elle lui caressa le dos avec son doigt, pencha la tête de côté pour lire le titre, puis elle le prit dans ses mains. Et, je le jure, pendant qu'elle lisait la première page, une lueur brillait dans ses yeux. Une vraie lueur, et non pas une sorte de jet lumineux comme on en voit dans les films de science-fiction. Tout son visage était éclairé.

Plus tard, au retour du voyage, j'ai fait le lien avec le soleil qui inondait la galerie vitrée où je m'installais pour lire, chez nous, à la campagne. Dès lors, pour retrouver cette lumière, j'ai lu tous les livres qui me tombaient sous la main. »
 
Lu dans le cadre du défi Mon Québec en septembre


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