Titre : La fille laide
Éditeur : Quinze
Parution : 1950
Format : 204 pages
♥
Résumé :
Édith quitte la plaine pour fuir ce mal qui la poursuit depuis sa naissance. Sa laideur, considérée comme une malédiction par sa famille, ne lui a valu que des coups et des injures. Elle décide de partir pour un lieu étranger, où elle espère séduire par sa différence. Elle gravit donc les montagnes jusqu'au hameau de Karnac, où elle sera engagée comme domestique par la veuve Loubron. Sur cette ferme, elle fera la rencontre de Fabien, employé par la riche Bernadette pour les travaux des champs.
Fabien est beau, blond et fort, avec de parfaites dents blanches. Étonnament, malgré les avances de la propriétaire, l'homme à tout faire ne remarque qu'Édith. Il aime son aspect frêle, la vivacité de ses baisers. Mais, la jeune servante croit qu'elle est trop laide pour aimer ou être aimée. Jusqu'à ce que Fabien commette l'irréparable et tue la veuve Loubron qui faisait obstacle à leur union. Main dans la main, les deux engagés feront revivre les champs, le troupeau et les vieux bâtiments en savourant cette nouvelle liberté, sous le regard suspicieux des autres villageois.
Ce que j'ai aimé :
-La première fois que j'ai lu ce roman, je devais avoir 13 ans. Je me rappelle l'avoir lu pendant une partie de la nuit, accrochée aux mots, lisant en cachette, toute recroquevillée dans mon lit, à la lueur d'une petite lampe. Impossible de le laisser de côté. Je n'ai jamais oublié cette histoire et j'appréhendais un peu de m'y replonger : et si je n'y retrouvais pas la magie d'autrefois ?
-J'ai retrouvé ce style sauvage et poétique qui m'avait tant éblouie. Un torrent de mots, une fougue primitive, des sentiments bruts. Des dialogues tranchants. Une écriture simple, qui met en évidence la beauté de la nature dans ce Québec rural vaguement situé, presque hors du temps. On est près de la fable, mais loin du conte de fée, avec cette anti-princesse aux grands bras maigres et ce prince meurtrier. En relief, les pulsions de l'être humain : jalousie, colère, désir, guerre de clochers.
-Malgré la rudesse, ce que j'aime dans ce roman, c'est la force de l'amour. L'amour qui résiste aux préjugés, qui voit au-delà de cette laideur, qui s'enflamme, qui triomphe. Ce premier roman d'Yves Thériault, publié en 1950, me semble très moderne et audacieux pour l'époque. Un roman du terroir, un brin atypique, qui est devenu pour moi un incontournable.
Extraits favoris :
« La Bernadette eut un rire clair.
-Tu veux un cheval, Vincent ? Pour quoi faire ?
Il fit un geste simple, montra l'évidence, et répondit simplement :
-Pour l'aimer. »
« Pense aux matins trempés, avec la brume de l'eau sucée par le soleil. Pense aux champs d'avoine blonds comme la fille de Benoît, qui est blonde, blonde, toute peau et tout poil. Pense à ces champs où tu aimais te coucher sur le dos et boire à pleine gueule le vent doré, doré puisqu'il avait caressé les avoines et collé de l'or à son souffle. »
« Il s'était passé quelque chose en l'âme d'Édith. Une révolte et un sursaut. La bête se dressait sur ses pattes d'arrière et battait le ciel de ses sabots. C'était maintenant le temps des luttes et de l'amour à tout prix. »
Lu dans le cadre du défi Mon Québec en septembre
Je ne sais pas si c'est pour moi, celui-là, malgré ton avis super positif. J'ai souvent du mal avec les trucs "terroir" et j'ai l'impression que ça ressemble à ça. Du coup, je ne sais trop. Mais j'ai rajouté ton billet au récap!
RépondreSupprimerMoi aussi, d'habitude je dois t'avouer que je ne suis pas très "terroir", mais celui-ci je l'aime bien ;) Merci pour l'ajout !
SupprimerEt encore bravo pour ton billet sur Les chambres de bois. Tu m'as donné le goût de le relire.