23 septembre 2012

La petite fille qui aimait trop les allumettes

Auteur : Gaétan Soucy
Titre : La petite fille qui aimait trop les allumettes
Éditeur : Boréal
Parution : 1998
Format : 180 pages

 

Résumé :

Dans un manoir abandonné, isolé au milieu d'une pinède, vivent deux enfants et leur père autoritaire. Un matin, les ordres finissent de tonner et on n'entend plus que le grincement du bois. Les gamins découvrent leur père, mort dans le silence de la nuit. Les deux orphelins se retrouveront seuls, sans repères. Devant eux, un monde qui leur est étranger et incompréhensible.

Le récit nous est raconté par l'un d'eux, dans un journal écrit dans l'urgence. Je ne vous en dis pas plus, car ce livre va de révélations en révélations et je ne pourrais m'avancer davantage sans en dévoiler l'intrigue. Je vous invite plutôt à la découvrir, car cette histoire troublante est portée par une langue magnifique et inventive. Une rareté de poussière, d'étincelles et de vent porteur de secrets.

Ce que j'ai aimé :

-J'ai lu ce livre au cégep, il y a 10 ans, et il m'a marquée au fer rouge. Quelque chose de viscéral et de profondément québécois, sans pouvoir vraiment dire pourquoi. Peut-être est-ce la présence de la religion, la beauté sauvage du paysage, le sentiment d'isolement qui rappelle l'hiver, la violence qui nous fait penser à Aurore, l'enfant martyre ? C'est flou, mais c'est présent et ça bouleverse.

-C'est donc une relecture pour moi. Au début, cela m'a pris un peu de temps pour percer cet univers de misère. Il y a cette langue aussi, impulsive et déstabilisante, comme un déluge. Ces mots un peu vieillots, puisés dans les Mémoires du duc de St-Simon. Finalement, on entre dans ce monde à part, il nous englobe, et à la fin du livre, ça nous fait tout drôle d'en ressortir.

-Je me souvenais vaguement de certains revirements de situation dans le livre et j'ai trouvé bien agréable de pouvoir observer comment ils sont habilement amenés par l'auteur. Il se passe des choses horribles, mais elles sont rendues supportables par la voix de l'enfant, son regard magique qui transforme, par la force des mots, les pires situations en alchimie poétique. Un roman inoubliable et ensorcelant !

Extraits favoris :

« [...] commençait à monter la rumeur déjà mentionnée, et qui était une rumeur de murmures, d'éclats de rires lointains, de soie froissée, d'éventails que l'on ouvre d'une fine saccade du poignet, d'oiseaux qui rêvent en frottant l'aile sur les barreaux de leur prison. »

« Je lui peignerais ses petites ailes en attendant la mue. Je lui ferais des langes de papillon et des oreillers de tendresse avec l'amour qu'on ne m'a jamais donné. » 

« Il me serrait comme pour m'enfoncer à l'intérieur de sa personne pleine de bonnes odeurs de cèdre, de céleri et de sapin, et moi je mourais à chaque fois et j'avais envie de mourir encore, et que ça recommence à chaque instant pour toujours. »
 
Lu dans le cadre du défi Mon Québec en septembre


4 commentaires:

  1. Une lecture que j'ai aussi beaucoup, beaucoup aimée. Beau billet.

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  2. Merci Suzanne pour ton passage et ton joli mot. Ça fait toujours plaisir. Tes autres billets sur l'auteur me donnent envie de poursuivre ma découverte :)

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  3. Je l'ai lu rapidement et je me promets de le relire pour comprendre toutes les subtilités.

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  4. Excellente idée Isallysun ! N'hésites pas à venir m'en reparler. Pour ma part, je crois que j'ai encore mieux saisi cet univers étrange en le relisant.

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