Le reflet de la glace

Auteur : Geneviève Drolet
Titre : Le reflet de la glace
Éditeur : Coups de tête
Parution : 2012
Format : 160 pages

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Résumé :

Le reflet de la glace est le deuxième roman de l'artiste de cirque Geneviève Drolet qui a collaboré, entre autres, avec le Cirque Éloize et le Cirque du Soleil.

La narratrice est une femme d'une beauté dangereuse, mais qui, à l'intérieur, se sent toute croche. D'un chapitre à l'autre, on alterne entre sa vie présente et son passé.

À l'âge de 15 ans, elle perd ses parents dans un accident de motoneige. Une mort glacée, surréaliste, qui tourne comme un film incessant dans sa tête. L'adolescente se fait recueillir par sa tante et bien vite, par les bras des hommes. Il y a d'abord Damian, un homme plus vieux qu'elle, son premier fantasme, son premier vrai copain. Puis, Otto, le chum de sa tante, un « dictateur nocturne » qui la soumet à ses caprices sexuels et au silence. 

À l'aube de la trentaine, après une fuite en Scandinavie et une expérience de mannequin, elle est toujours en couple avec Damian, qu'elle renomme affectueusement Amoureux. Mais, tandis que leur relation commence à s'effriter, elle rencontre Voisin, le locataire d'en bas. Au contact de cet étranger, un désir s'insinue dans ses veines et prend le contrôle de son corps, de sa tête. Une drogue charnelle.  

Un roman captivant, qui pose la question suivante : jusqu'où peuvent mener le désir et le jeu de la séduction, lorsqu'ils côtoient le mal de vivre ?

Ce que j'ai aimé :

-J'ai été tout d'abord attirée par la couverture qui me faisait penser à un album punk avec ce gros coeur rouge sur fond noir et blanc. Puis, l'écriture m'a happée. Des phrases puissantes, pulsées. Un texte entraînant, très physique. Bref, ça a du chien. Certains passages sont assez crus, mais en général ça se lit bien, car c'est bien écrit et authentique.

-J'ai bien aimé l'alternance entre le passé et le présent, qui permet d'apprendre à connaître la narratrice petit à petit. Malgré les sujets sombres qui sont abordés, il y a quand même une dose d'humour, c'est vivant, ça bouge. J'ai apprécié l'aspect imagé et les métaphores spontanées, qui font que ce n'est pas trop lourd.

-L'auteure aborde de front des thèmes difficiles, comme l'abus sexuel. Le sentiment de peur, cette sensation d'être sale, malsaine, d'être un monstre. L'idée que son corps l'a trahie. Cette perception toxique d'elle-même la poursuit dans sa vie présente et continue à la tourmenter lorsque son désir pour Voisin se fait sentir. Des émotions qui passent souvent par l'épiderme, sorte de baromètre de sa tempête intérieure. Il est aussi question de la maladie, qui nous renvoie à ce sentiment de trahison de la part du corps. Bref, autant l'aspect physique est présent, autant l'aspect psychologique des personnages est bien travaillé.

-Dans ce livre, contrairement à la couverture, tout n'est pas noir ou blanc. On explore plutôt les zones grises qui font la complexité de l'être humain.

Extraits favoris :

« Je suis un monstre. Il y a comme un courant d'air dans ma tête. Mon intérieur en glacier se casse. Une faille, une fracture, quelque chose qui craque. [...] Je suis un monstre d'une trop grande beauté pour être innocente. »

« Après coup, j'ai souvent eu en tête l'image de mes parents glacés. Encore sur leur motoneige, leur carrosse romantique. [...] Il y avait beaucoup d'incongruités dans ce film. Je ne prenais pas la peine de les relever. J'étais la seule à les voir. Il n'y avait pas d'autres spectateurs. Représentations privées. »

« Voisin est un miroir dans lequel je me regarde en comprenant ce que je suis vraiment. Pour la première fois. 

Je sens qu'il voit au travers de moi. Je suis en verre, en glace, en diamant. J'ai des degrés de résistance différents. Je sens que je peux être brisée aussi facilement que je suis capable d'anéantir la vie autour de moi. Avec ma friabilité, ma densité acérée. »

Lu dans le cadre du défi Mon Québec en septembre